S’arrêter à l’image de carte postale qu’évoque ce territoire français du bout du monde serait un affront fait à la richesse et à la diversité de ses îles, autant qu’à la chaleur de son accueil. Immersion entre luxe et authenticité.
Le contraste est saisissant. Certes, les quelque 22 heures de voyage nécessaires à parcourir plus de 15000 kilomètres séparant la métropole de la Polynésie française, y sont pour beaucoup. Le climat aussi, alors que parti en doudoune pré-hivernale, la chaleur moite et florale d’une nuit d’été austral, presque suffocante, imprègne vos poumons à peine un pied posé sur le tarmac de Papeete. Colliers de fleurs, ukulélé et succession de « Ia ora na ! » suivent. Aux premières lueurs du jour, les paysages en technicolors des Îles de la Société déploient leurs cartes postales format panoramique. Tout y est, comme rêvé : eaux translucides, plages de sable noir ou blanc de Tahiti à Bora-Bora, bungalows sur pilotis et cocotiers balançant leurs palmes au gré des alizées.
A la différence d’autres spots paradisiaques de l’Océan indien, les îles du Vent et Sous-le-Vent ont bien d’autres arguments touristiques à faire valoir. A commencer par l’accueil. Passée la surprise du premier abord, l’hospitalité ne relève en rien d’une quelconque stratégie marketing. Enchaînant les attentions bienveillantes avant la remise du collier de coquillages lors de votre départ, les Polynésiens sont naturellement et spontanément accueillants. Et prompts à partager, avec qui en manifeste l’intérêt, la richesse d’une culture loin de se résumer aux seuls items folkloriques. Un héritage du « Grand Esprit » ancré dans le quotidien des descendants des ma’ohi depuis le Xe siècle.
Une terre multiple
Côté paysage, là encore, l’équation Tahiti = soleil+plage + vahinés est des plus réductrices. Comment, en effet, considérer qu’une seule île, fut-elle la plus vaste, puisse à elle seule être représentative d’un territoire composé de 5 archipels et 118 îles répartis sur un territoire maritime aussi vaste que l’Europe ? S’il est localement d’usage de dire qu’à Tahaa pousse la vanille, à Moorea les ananas et à Bora Bora les bungalows d’hôtels, ce trait d’humour souligne bien la singularité de chacune. Avec pour toute, une préoccupation commune : un attachement quasi viscéral à ce patrimoine terrain et culturel, qu’une proximité géographique avec les Etats-Unis n’a pas totalement subverti.
Certes, Bora Bora, vue du ciel, offre à voir le plus beau lagon du monde d’où s’égraine un chapelet de luxueux hôtels les pieds dans l’eau et chapeautés de feuilles de pandanus. Mais nombre d’entre eux se sont également engagés dans des programmes de protection de l’environnement. A Bora Bora, île ayant pour emblème le tortue, Le Meridien Bora Bora accueille ainsi le centre de protection de ce reptile à carapace (amené par des pêcheurs les découvrant amputés ou anémiés), faisant ainsi , quand son voisin du Pearl Beach a développé une nurserie de corail. Les Polynésiens ont auparavant relégué aux oubliettes leurs pratiques ancestrales de pêche à la baleine à bosse. Le cétacé trouvant désormais au large des côtes sud de Moorea et Tahiti un sanctuaire marin propice à sa reproduction.
Une destination plus accessible
Mais la culture polynésienne ne se nourrit pas seulement de ce fertile océan. L’intérieur des terres, abondamment abreuvé par d’innombrables sources, cultive une flore exubérante (on ne recense pas moins de 280 variétés d’hibiscus polynésiens, plus d’une centaine de variété de fleurs du paradis et près d’une vingtaine de bananes différentes). Et recèle de chemins de randonnées, de parcours de trek, de parois volcaniques à escalader. Un paysage teinté de verts duquel émerge, au bout d’une piste, un marae. A Tahiti, l’association Haururu, œuvre depuis 20 ans à la restauration d’un temple, dans l’une des 70 vallées. Celui-ci situé à Papeno, date des XIIIe et XVe siècles, et fut redécouvert en 1920. La mise au jour de ces vestiges s’accompagne de la récupération d’une tradition orale que l’évangélisation entamée en Polynésie dès le XVIIIe siècle avait muselée. Cette culture riche d’un savoir-faire artisanal, le Tiki village de Moorea en a fait sa marque de fabrique. Il propose divers ateliers de teinture de pareo, de cuisine tahitienne, de danse, de tressage, en plus de promouvoir la langue bannie des écoles jusqu’au début des années 80.
Preuves que la réalité peut parfois se montrer bien plus attrayante que le rêve. Et même si la Polynésie française demeure une destination estampillée « voyage de noces », elle mérite d’être découverte à tout instant de la vie sans qu’il soit nécessaire de casser sa tirelire. Des offres de séjour, avec vols, combinant plusieurs îles et un hébergement chez l’habitant sont accessibles à moins de 2500 euros. Tahiti n’est peut-être plus aussi inaccessible que cela !
Notes
http://www.lemeridien-borabora.com/fr/tortues
Pearl beach
haururufarefenua@mail.pf
www.tikivillage.pf