A la sortie de la petite ville de Bidiyah, à deux heures de route au sud de la capitale Mascate, la route asphaltée et les imposants pavillons tout neufs sont bien obligés de laisser la place au sable.
A perte de vue, le désert de Wahiba déroule ses dunes. Sur plus de 20 000 km2, c’est une l’alternance de plaines désertiques parsemées d’herbes faméliques et de cordons dunaires. Le tout ne se parcourt qu’à dos de dromadaires ou en puissants 4×4.
Foncer, s’enfoncer toujours plus dans le désert. Très rapidement, la civilisation s’effiloche. Le temps se contracte, l’espace se dilate. « C’est désert, ici ! » serait-on tenté de dire. C’est tout le contraire. A espace régulier, des campements de bédouins se dressent, au loin. Depuis des millénaires, ces tribus ont trouvé un équilibre dans un monde de sable et de ciel où se dissolvent tous les repères. Du désert, ils ont dompté les codes, les réflexes, les dangers. De l’ombre, quelques dates, du café parfumé à la cardamone… Ils accueilleront toujours le voyageur de passage.
Voie lactée et silence assourdissant
Selon les endroits, l’heure du jour et la lumière, les dunes explorent toutes les nuances de l’ocre : rose, abricot, jaune, rouge. C’est l’heure du bivouac. Le sable d’une incroyable finesse glisse sur la peau. Où planter sa tente ? Là, sur le sommet d’une dune ? Ici près d’un buisson ou plus loin, dans un creux ? Il faut faire vite, le jour ne tarde pas à tomber sous ses latitudes. A 18 heures, il fait déjà bien sombre. La nuit d’encre et la voie lactée approfondissent encore le silence qui en devient assourdissant. Les oreilles bourdonnent de n’avoir rien à se mettre dans le tympan.
Pas de bruit, pas de vie ? Que nenni ! Le petit matin révèle que des milliers de marathons des sables se sont courus pendant la nuit. Le scarabée bousier a surpiqué la dune, en long, en large et en travers, et parfois en zigzag, avec ses pattes dentelées. Par petits bonds, la gerbille est descendue tout schuss, pleine pente. Le renard des sables a préféré monter en oblique. Tout ce petit monde a disparu avec les premières heures du jour. Seuls les dromadaires, perchés sur la crête des dunes, président aux destinées de ce royaume d’ocre et d’azur.