Les 118 îles de la Polynésie française offrent autant de coins de paradis pour qui cherche à se couper du monde extérieur. Visite guidée
L ’autre bout du monde vaut le détour : les flots y sont plus bleus, les sables plus fins, les fleurs plus parfumées, les soubresauts du monde moins bruyants… À 15 000 kilomètres et vingt-deux heures de vol de la métropole, la Polynésie d’aujourd’hui fait autant d’effet sur le visiteur du XXIe siècle qu’elle en produisit au XVIIIe sur Louis-Antoine de Bougainville, l’explorateur par qui l’image idyllique de Tahiti s’est répandue dans le monde occidental.
Poser le pied à l’aéroport de Papeete a un goût de délivrance. Les arrivées se font en musique et les plus chanceux auront droit non seulement à un spectacle de danse tahitienne, mais aussi à un tuto par les danseurs eux-mêmes. Il n’y a rien de tel, après des heures engoncé dans les sièges d’un avion, que de tenter un « tamure », ce déhanché saccadé dans lequel excellent les vahinés. Dérouillé, le visiteur n’a plus qu’à s’enivrer de l’odeur du collier de tiaré, symbole de l’entrée en Polynésie française, pour que la magie opère.
Première halte dans ce pays de 118 îles, Tahiti en est le centre économique, culturel et politique. Le décalage horaire se charge de mettre le Popa’a (le métropolitain) arrivé de l’Hexagone sur le sable, pour son premier lever de soleil sur le lagon. Apprécier la pâleur du petit matin est d’ailleurs la règle : on se lève ici très tôt, et les activités professionnelles commencent dès 6 ou 7 heures du matin pour s’achever vers 16 h 30, juste avant que la nuit ne tombe (vers 18 heures). Parmi toutes les îles, réparties entre cinq archipels, il est difficile de choisir. Bora-Bora reste l’icône indétrônable de la destination, mais il serait dommage de se priver des autres trésors dans des atolls plus protégés, voire isolés.
Des îles à foison
Pour un peu de découverte, direction l’île de Taha’a. Il faut une heure à l’avion pour relier Papeete au petit aérodrome de la voisine Raiatea. De là, on embarque directement sur le bateau-taxi pour traverser le lagon. Le festival des bleus commence : du plus profond au plus turquoise, brodé de frisottis blancs ou ondulant calmement devant l’élégante silhouette de Bora-Bora qui se dessine au fond de la carte postale. Le Taha’a Island Resort and Spa occupe tout un îlot, à dix minutes en bateau de l’île principale. L’eau qui entoure ce paradis est si translucide qu’on est facilement distrait par un jardin de corail, peuplé d’anémones, d’étoiles de mer et de poissons bigarrés. Les plongeurs les plus capés ne manqueront pas la station de nettoyage des raies mantas à quelques mètres du rivage de l’île principale, face aux établissements du Taha’a Village et la Perle de Taha’a. Auprès de ces hôtes venus de métropole, on comprend alors que la richesse de Taha’a est aussi sur terre, dans les plantations où l’on cultive la vanille.
Dépourvue de plages, Raiatea est restée à l’écart du tourisme, et c’est ce qui fait son charme. Elle offre un littoral chargé d’histoire avec les vestiges du « marae » (temple) de Taputapuātea, qui a vu passer des pirogues venues de tout le triangle polynésien : c’est de cet espace pavé de pierre que les Polynésiens partirent vers Hawaï ou la Nouvelle-Zélande. La visite de ce site classé au Patrimoine mondial de l’Unesco permet de comprendre les rites, l’art et la culture polynésiens. Raiatea permet aussi de découvrir une nature luxuriante en remontant en kayak la rivière Faaroa, la seule navigable de toute la Polynésie.
À trente minutes de bateau de Papeete, Moorea est plus développée : on y trouve tous les grands hôtels et, comme l’île est en forme de cœur, elle s’impose aux amoureux venus en lune de miel. Ce que remarque surtout le voyageur, ce sont ses paysages grandioses de côtes découpées, de baies surplombées de pitons rocheux. Dans l’eau du lagon barbotent des requins et raies très peu sauvages. Et qu’on se rassure, les petits requins pointe noire ou les élégantes pastenagues ne font aucun mal aux humains.