Austin est une ville de contrastes. La capitale texane affi che un visage austère dessiné par une architecture classique et s’encanaille en creusant une veine musicale bien vivante.
Ève Scholtès
Étrange. Telle est la traduction en français du mot anglo-saxon « weird ». Le qualificatif sied parfaitement à cette ville moyenne, la quatrième de l’État du Texas en nombre d’habitants. En cause, le contraste saisissant entre la géométrie ordonnée de la ville et la folie tous azimuts qui semble l’irriguer. Austin tente la synthèse du débat sur le fond et la forme. La forme, c’est une ligne d’horizon ou skyline tracée par des lignes droites et un plan de ville dessiné par la symétrie et les angles droits. Le fond, c’est le foisonnement d’une vie artistique et musicale qui vaut à la capitale texane de revendiquer le titre de capitale mondiale de la musique live.
Un patrimoine de marque
L’appellation est même déposée en 1991. Comme si les officiels avaient besoin de protéger un patrimoine singulier. Et pourquoi pas ? Austin recense un nombre de clubs de musique encore inégalé dans le monde, soit plusieurs centaines à ce jour. La ville affiche aussi une programmation impressionnante avec plus de 2 000 groupes ou artistes prêts à se produire chaque soir. Un véritable melting-pot musical composé de blues, indie rock, country, jazz mais aussi tejano. Cette musique folk et pop est jouée par les populations hispaniques du Texas. La frontière du Mexique est en effet toute proche, à quelque 1 200 kilomètres à peine, et le Texas était une colonie espagnole devenue un temps territoire mexicain, avant d’être cédée aux États-Unis à la moitié du XIXe siècle.
Épicentre et incubateur
Ce rappel historique n’explique pas pourquoi une telle effervescence musicale existe à Austin ? La réponse se trouve dans la présence importante des étudiants qui réclament du divertissement. Le mouvement se crée dans les années 1950 : les artistes commencent à migrer vers Austin, Elvis Presley et BB King en tête. Il s’accélère en 1976 avec l’installation de Willie Nelson. La scène musicale se développe, notamment autour d’une salle, The Armadillo World Headquarters, disparue au début des années 1980. L’identité musicale de la capitale texane s’affirme alors. Trois décennies plus tard, Austin creuse toujours son sillon musical sans céder aux lois de l’industrie du disque. La ville préfère faire émerger les talents. Elle incube, elle diffuse. Un investissement qui rapporte cependant : la musique pèse plusieurs milliards de dollars par an dans l’économie locale.
Iconiques Buildings
Quinze. Ils sont 15 à dresser leur silhouette au cœur de la ville. Tandis qu’Austin connaît un boom immobilier qui transforme peu à peu son visage, plusieurs bâtiments anciens dessinent la signature architecturale de la capitale texane avec des inspirations variées : victorienne, gothique, moderne, à ossature de bois… La tour principale de l’université du Texas compte parmi ceux-là. Calcaire et marbre constituent les matériaux que Paul Philippe Cret, un architecte américain d’origine française, a sélectionnés pour la construction de cet édifice achevé en 1937. Le Capitole, ouvert en 1888, reste un site incontournable également. La coupole et le style néo-Renaissance évoquent naturellement ceux du bâtiment éponyme à Washington. Une volonté architecturale à laquelle s’ajoute toutefois une différence de taille : l’édifice texan est un peu plus haut que son jumeau. Voilà pour l’ancien. Mais le moderne imprime aussi sa marque. Pour preuve, les tours au Clair de lune (Moonlight Towers), installées à la fin du XIXe siècle et désormais répertoriées comme monument historique.
Les Incontournables
« On the weird side » (bis)
Direction « downtown », dans le lieu qui concentre la quintessence de l’étrangeté de la capitale texane : « Dirty Sixth », ou « la 6e Obscène » ; la 6e Rue dans la réalité. L’adresse se consomme en soirée. L’appel de la nuit réveille les noctambules qui rallient l’artère autrefois baptisée Pecan Street. L’occasion de plonger dans l’effervescence que revendique la capitale mondiale de la musique live. Juste pour voir, direction le Coyote Ugly Saloon (501 E 6th Street) pour le show assuré, derrière et sur le zinc.
Oiseaux de nuit Direction
Congress Bridge, le pont qui traverse le lac Lady Bird. Là encore, l’adresse se consomme le soir, à l’heure où le soleil se couche. L’appel de la nuit réveille d’autres oiseaux que ceux qui nichent dans « Dirty
Sixth » : des chiroptères ou chauves-souris. Une véritable colonie, dont la population est estimée entre 750 000 et 1,5 million d’individus. Austin décroche là un autre titre mondial : la ville abrite la plus grande colonie urbaine de ces animaux, en transit depuis le Mexique pour se reproduire.
Baignade naturelle
Direction le parc Zilker (2201 Barton Springs Road), qui jouxte le ruisseau Barton. Le lieu se consomme toute la journée, particulièrement lorsque le climat texan devient trop caniculaire. Barton Springs est le nom d’une piscine municipale à ciel ouvert. Son truc en plus ? Le bassin est alimenté par des sources naturelles qui renouvellent l’eau en continu. Bon plan : l’établissement est ouvert six jours sur sept, de 5 à 20 heures (tarif : 9 euros).