L’Etna et la deuxième ville la plus peuplée de Sicile se font face depuis des temps immémoriaux. Si le volcan accumule les superlatifs, les habitants oscillent entre crainte et reconnaissance.
Ève Scholtès
Mongibello », le diminutif que les habitants de Catane attribuent à l’Etna sonne comme un surnom tout mignon. Mieux vaut toutefois s’en méfier : « Mongibello », qui associe le latin « mons » et l’arabe « djebel », signifie « montagne des montagnes ». C’est dire le rang auquel la population locale place le volcan, qui demeure, il est vrai, celui de tous les superlatifs. Seul l’hawaïen Kilauea rivalise, au point de lui passer devant au classement des volcans les plus actifs au monde. Mais l’Etna reste au sommet dans plusieurs autres catégories. Il est le plus haut (3 350 mètres d’altitude) et le plus actif d’Europe. Il est également celui qui possède l’enregistrement historique des éruptions le plus ancien. Les Grecs, déjà, sont frappés par l’ampleur des phénomènes volcaniques dont l’Etna est capable, et tout autant fascinés, au point de l’ériger en mythe. Durant l’Antiquité, les esprits rationnels transforment l’activité quasi permanente du volcan sicilien et la violence de ses éruptions en force divine, placée sous la responsabilité du dieu Héphaïstos et animée par les Cyclopes forgerons. L’ascension de l’Etna, par les chemins de randonnée ou par le téléphérique, donne aujourd’hui encore cette impression. Tandis que les fumerolles s’échappent de son sommet en étirant leurs volutes vers le ciel, la lave peut aussi jaillir depuis d’anciens cratères, avant de s’écouler en direction de la mer. Mais la population de Catane tire aussi un grand profit de son terrifiant volcan. Certes, la patience demeure une qualité essentielle à son dessein, mais les sols volcaniques deviennent le terreau très fertile de cultures qui placent la ville au rang de capitale de la gastronomie : Catane est réputée pour la saveur de ses produits et de sa cuisine.