Profitant de collections incroyablement riches et de musées signés par les plus grands architectes, la ville est devenue depuis 20 ans une véritable destination culturelle. Et avec elle, c’est toute l’agglomération, qui est devenue le théâtre d’un nouvel art de vivre.
Ces vingt dernières années, Dallas a sacrément écorné – et pour le meilleur – son image d’Épinal. La ville qui, par le fait d’une série télé, a incarné l’Amérique conquérante et écrasante, prend à contre-pied ceux qui voudraient voir en elle une cité aussi raffinée que le pétrole ayant contribué à son essor. Big D demeure certes un centre économique spécialisé dans le domaine de l’industrie pétrolière, elle s’est cependant tournée vers les nouvelles technologies qui lui valent aujourd’hui d’être comparée à la Silicon Valley.
Il y a deux ans, elle a changé de slogan, délaissant l’ambitieux et boursouflé « Live large, think big ». Elle lui a préféré le plus subtil « Big things happen here » : « Là où les grandes choses arrivent ». Un touriste n’a jamais choisi une destination en fonction d’un slogan mais il en dit long sur l’état d’esprit qui anime la troisième ville du Texas (1,2 million d’habitants), épicentre d’une vaste agglomération de 6,5 millions d’habitants, la quatrième des États-Unis.
Un quartier des arts unique
Dallas profite du plus grand quartier des arts des Etats-Unis. Pas moins de quatre prix Pritzker y ont apposé leurs signatures : les architectes Rem Koolhaas et Norman Foster ont contribué à la réalisation du Dallas Center for the Performing Arts, Ieoh Ming Pei du centre symphonique Morton H. Meyerson et enfin Renzo Piano du Nasher Sculpture Center, exceptionnel musée où se côtoient Rodin, Serra, Giacometti, Picasso, Calden, Brancusi… Son imposant voisin, le Dallas Museum of Art compile 5000 ans d’histoire en plus de 22 000 œuvres. Du plaisir des yeux au plaisir des oreilles, il n’y a jamais que quelques rues : le somptueux Winspear Opera House accueille pas moins de cinq compagnies permanentes.
La cité possède par ailleurs un grand nombre de parcs et d’espaces verts, comme le Klyde Warren Park, ouvert en 2012, trait d’union entre un centre-ville vieillissant et Uptown, le quartier branché. A l’instar du pont Margareth Hunt Hill dont l’arche haute de 120 mètres joue avec 8000 mètres de câbles pour créer un effet d’optique hypnotique, le Metroplex sait lier l’utile à l’agréable et distiller de la poésie là où on ne l’attend pas. A Arlington, le AT&T Stadium, terrain de jeu de l’équipe de football américain (les Dallas Cowboys), peut certes s’enorgueillir d’être équipé du plus grand écran géant du monde (54 mètres de diagonale). Il est également le musée inattendu d’une bonne cinquantaine d’œuvres d’art. La plupart sont monumentales, à commencer par la fresque de Daniel Buren.
Dallas promeut un art de vivre à la texane qui se retrouve notamment au Bishop Arts District, à Knox-Henderson et West Village. Aujourd’hui, ces quartiers font le bonheur des jeunes branchés et des amateurs de bonne chère. De nombreux chefs talentueux s’y sont expatriés, ravis de montrer qu’une assiette peut accueillir autre chose qu’un steak ou du Tex-Mex.
La petite sœur a suivi
50 kilomètres vers l’ouest sans interruption de banlieues, Fort Worth a tenu la cadence. Réputée pour être plus décontractée que sa grande sœur, la ville d’American Airlines a suivi un mouvement qui lui permet de disposer d’une qualité muséale exceptionnelle. Ce qui se vérifie au Kimbell Art Museum, véritable pépite et au Modern Art Museum réalisé par Tadao Andō (aussi un prix Pritzker…) où se retrouvent des pièces dignes d’un Guggenheim.
La chanteuse Norah Jones, qui est née à New York mais a grandi dans la banlieue de Dallas, est sans aucun doute devenue une ambassadrice plus en phase avec ce que le Metroplex est devenu que Larry Hagman, alias JR Ewing, héros de la célèbre série.
Western is not dead
Traverser le Lone Star State en boudant tout ce qui touche de près ou de loin au western reviendrait à visiter le Sud-Ouest sans jamais ouvrir une bouteille de vin : c’est envisageable mais regrettable. Si Dallas ne s’est pas attachée plus que ça à ce patrimoine quitte à être taxée de snobisme (la conquête de l’Ouest n’y existe plus que dans quelques boutiques comme le Wild Bill’s Western Store), Fort Worth l’entretient en revanche avec une dévotion d’antiquaire.
A l’époque, il s’agissait de la dernière ville civilisée avant de s’enfoncer dans le Wild Wild West. Cette tranche d’histoire perdure dans le Stockyards national historic district, à peu près identique à ce qu’il était il y a 100 ans. C’est là que les cowboys ont leur Hall of Fame et que le « friendly Texas spirit » s’y exprime le mieux. Chaque jour, un troupeau de bœufs traverse la rue principale. Le week-end, ils sont des centaines, après avoir englouti un steak aussi large qu’un frisbee, à se rendre au Billy Bob’s Texas, le plus grand bar du monde consacré au Honky Tonk. S’y sont produit les grands du genre et pas seulement : Ray Charles, Ringo Starr, les ZZ Top… Dans ce temple de la country, on ne danse pas sous une boule mais une selle à facettes et on se fout d’être qualifié par le reste de l’Amérique de cul-terreux. Les bottes, le jean, la chemise à carreaux et le chapeau se portent comme un uniforme : « Ici, tu peux facilement confondre un ouvrier avec un milliardaire », sourit Jessica.
Évidemment, Fort Worth « offre » des rodéos spectaculaires. Les meilleurs de la discipline n’ont pas besoin de dix secondes pour rattraper un veau, le coucher et le ligoter. Il faut être aussi dur qu’une vieille carne pour ne pas se laisser garrotter par quelques clichés aussi transperçant qu’un coup de fusil de Clyde Barrow qui, pour la petite histoire, a rencontré sa chère Bonnie Parker dans la banlieue de Dallas.
JFK, le dernier jour
Que cette ville le veuille ou non, elle est devenue il y a 51 ans la plus incroyable des scènes de crime. Avec « JFK le dernier jour » (Albin Michel), François Forestier raconte in situ le 22 novembre 1963, minute par minute, dans l’intimité des protagonistes. Le style est tranchant, les personnages sont crasseux et Big D fait partie de la galerie de personnages. Ce livre se dévore comme un James Ellroy. On s’y promène entre réalité et fiction, procédé qui se prête à merveille à la vie romanesque du 35e Président des États-Unis. En témoigne cette prophétie de Kennedy quelques heures avant de mourir et que rappelle Forestier : « Ce serait facile, au fond, de m’assassiner. Il suffit de se placer dans un immeuble avec un fusil à lunette et personne n’y pourrait rien. »
Y aller :L’aéroport international de Dallas-Fort Worth est devenu le principal hub de la compagnie American Airlines. Elle propose des vols quotidiens depuis Bordeaux, avec escale. Bon à savoir pour les passionnés d’aviation : c’est à Fort Worth, ville de son siège social, que se trouve le musée relatant son histoire.
Formalités :Pour les séjours de moins de 90 jours, les voyageurs se rendant aux Etats-Unis dans le cadre du programme d’exemption de visa doivent faire une demande d’autorisation ESTA (Electronic System for Travel Authorization) sur le site Internet https://esta.cbp.dhs.gov/esta (de préférence au moins 72 heures avant le départ).
Attention, suivant l’ancienneté du passeport, un visa peut être nécessaire.
Décalage horaire : Lorsqu’il est 10 heures à Dallas, il est 17 heures à Paris.
Taxes : Le Texas fait partie des quelques états américains à proposer le remboursement des taxes aux visiteurs étrangers.
Monnaie : Au 3 septembre 2014, 1 dollar américain = 0,76 euro.