Elles sont quatre fantastiques sélectionnées pour vous. Les villes de Bastia, Figari, Calvi et Ajaccio se dévoilent. Embarquement immédiat.
Eve Scholtès
Bastia, la carte postale, côté pile
Citadelle, vieux port, place du Marché. Ces trois lieux incontournables forment à Bastia un triangle à l’intérieur duquel il fait beau visiter. La devise de l’île nous rappelle toutefois que la Corse, toujours conquise, n’est jamais soumise. L’axiome trouve sa déclinaison dans la capitale de Haute-Corse. La ville regorge de trésors et d’anecdotes qui jalonnent son histoire ; si toutefois vous concédez à passer de l’autre côté du miroir.
Un monument, ce kiosque
Point de départ de cette aventure : la place Saint-Nicolas. Le décor est connu et couru ; bref, il semble être un lieu commun. Préjugé ! Saviez-vous seulement que son kiosque à musique est un monument à part dans l’histoire de la Corse et dans le coeur des Bastiais ? C’est là, notamment, que le général de Gaulle a prononcé le 8 octobre 1943 un discours qui saluait la libération de l’île et l’engagement de la résistance corse contre l’occupation nazie. S’il a bien failli disparaître, provoquant la colère des habitants, le kiosque trône toujours sur la place. La municipalité veille à sa sauvegarde : les travaux de rénovation, entamés l’été dernier, devraient s’achever d’ici à la fin du premier semestre.
À la rencontre des esprits
Mais poursuivons… direction la rue Napoléon, la première artère commerçante de la ville, où trois lettres apposées sur les façades rappellent discrètement la présence des jésuites à Bastia : I-H-S pour « Iesus, Hominum, Salvatore » (« Jésus, sauveur de l’humanité »). La carte du Bastia secret est marquée par plusieurs points dignes d’intérêt – l’enceinte de l’Immaculée Conception, le vieux port – jusqu’à la citadelle, à la fois point culminant de la ville et point d’arrivée de l’aventure. Peut-être avez-vous senti, en passant, les esprits du quartier hanté du Puntettu ? Les habitants racontent que leur présence est plus forte lorsque le libecciu, un vent d’ouest, s’engouffre dans les ruelles.
Visite Les Légendines ;
tarif : 20 euros ;
mardi, à 16 h 30, du 7 avril au 3 novembre.
Tél. 04 95 54 20 49 ; site Internet :
www.bastia-tourisme.com
Ajaccio, « bonapartement » vôtre
Il est partout. Napoléon est partout à Ajaccio. Jusque dans les smartphones, avec l’application gratuite « Napoléon », qui propose de suivre la famille Bonaparte et son illustre fils à travers la ville. Le souvenir de l’enfant du pays, né le 15 août 1769 au coeur de la capitale corse, reste omniprésent. Le moindre coin de rue donne l’occasion de croiser la figure de l’empereur : musée de la Maison Bonaparte (rue Saint-Charles), Musée napoléonien (à l’hôtel de ville), musée des Beaux-Arts et chapelle impériale (rue Cardinal-Fesch), places d’Austerlitz et Foch… Sans compter la semaine napoléonienne organisée au mois de juin ou les Journées napoléoniennes au mois d’août.
En campagne…
Mais il est des morceaux de l’histoire napoléonienne plus intimes. L’un d’entre eux ne se visite pas, sauf le parc d’une superficie de 12 hectares. Il n’est même pas un musée puisque le terrain de ce domaine, situé sur les hauteurs d’Ajaccio, est aménagé en arboretum pour l’instruction des enfants et en jardins potagers pour les foyers aux ressources modestes. Les Milelli est l’ancienne maison de campagne des Bonaparte. Napoléon, enfant, y a séjourné. Il y est revenu en 1799 à la suite de la campagne d’Égypte. Son état-major l’avait accompagné, dont les maréchaux Berthier, Murat et le général Lannes.
…en Playmobil aussi
D’autres personnages inattendus accompagnent le récit de Napoléon à Ajaccio : des Playmobil. 800, pour être précis, qui constituent le fonds de ce musée original, situé dans la rue Forcioli-Conti et baptisé Napo-Rama (tarif d’entrée : 3 euros). L’idée a germé dans la tête de Frédéric Pierrot, Franck Zannoni et Stéphane Pozzo di Borgo de retracer la vie de Napoléon grâce à des scènes reconstituées avec ces petits bonshommes de plastique. Le travail est titanesque autant que pédagogique avec, pour chacune des 15 évocations, des dioramas qui représentent la prise du pouvoir du 18 Brumaire en 1799, la bataille de Marengo (1800) ou la bataille de boules de neige à l’école de Brienne (1783).
Informations et renseignements :
https://www.ajaccio-tourisme.com note
Calvi, aquatique fantaisie
Un voyage immobile ou presque. Comptez environ 4 kilomètres de déplacement, tout de même, pour parcourir la plage de Calvi. Point positif, le bilan carbone affichera un compteur proche de zéro : seule la marche ou toute autre forme de mobilités douces – le vélo par exemple – sont prescrites. Au menu de ce parcours ? Du sable blanc et des eaux turquoise avec plein de belles surprises pour un séjour les pieds dans l’eau…
« Méditerranée Palisades »
Première escale, la longue plage de la Pinède dans la baie. Le port de plaisance est son point de départ, au niveau de l’hôtel La Caravelle. Elle s’étire ensuite vers l’est en décrivant un croissant de lune. Du haut de son éperon, la citadelle domine la scène. Le décor possède pourtant un je-nesais-quoi d’ailleurs : une promenade de bois qui longe le bord de mer et qui suit la voie ferrée du Trinighellu (le petit train des plages est en service l’été ; billet en vente dans les gares ou directement dans le train auprès du contrôleur, NDLR). Los Angeles et son quartier Pacific Palisades ? Deauville et sa promenade des Planches ? Le charme opère quoi qu’il arrive et la volonté municipale de mettre fin à l’urbanisme anarchique des paillottes ne le rend que plus fou.
Une épave sous la mer
Et ça tombe bien. La plage de Calvi offre des possibilités multiples. Bon point pour les petits baigneurs, ses eaux restent peu profondes jusqu’à 50 mètres du bord. Au-delà, c’est l’aventure. Les plongeurs sous-marins le savent bien lorsqu’ils piquent une tête. Leur mission ? Partir à la rencontre d’une épave bien connue de la baie : un B17. Le bombardier américain déploie ses 26 mètres de long et 5,8 mètres de haut à 28 mètres de profondeur depuis le 14 février 1944, le jour où une attaque de chasseurs a obligé le lieutenant Frank Chaplik à amerrir. La forteresse volante a flotté le temps d’évacuer les passagers survivants, avant de sombrer pour s’échouer définitivement sur les fonds de Balagne.
Information et réservation sur Internet :
https://balagne-corsica.com
Figari, les vins prennent le maquis
Changer de perspective. Voilà la promesse de cette balade au coeur du vignoble le plus méridional de France. Les regards ne se portent plus vers la mer, remarquable par le caractère sauvage de sa côte et la splendeur de ses paysages, mais vers la terre et quelques-uns de ses artisans : les vignerons. Une poignée d’entre eux est installée à Figari, situé entre Porto-Vecchio et Bonifacio. Ils font pousser les fruits sur des sols prometteurs, siliceux et acides. L’intensité des vents, la douceur des températures et l’ensoleillement généreux terminent de donner aux nectars produits une typicité affirmée.
Endémique et local, ancestral
Les blancs, très floraux, laissent s’exprimer une note exotique. Les rosés sont vifs et colorés. Les rouges, bien structurés, arborent une robe profonde et se piquent d’une bouche poivrée… Si vous pensiez que la viticulture corse se cantonnait dans le Patrimonio, il est grand temps de prendre le maquis. Au sens propre en l’occurrence : le vignoble existe depuis l’époque romaine à Figari, lorsque la Corse s’appelait encore Kallisté. Les cépages continuent d’inscrire le travail des vignerons dans la tradition : les endémiques nielluciu, vermentinu, sciaccarellu côtoient grenache et syrah.
Un annuaire du bon
Mais n’allez pas croire que les vignerons pantouflent. S’ils respectent l’héritage qu’ils ont reçu, une nouvelle génération inscrit le métier dans la modernité avec un seul précepte : le travail, la passion en plus. L’assemblage est détonant. Il révèle des personnalités qui signent des vins séduisants et qualitatifs. Quatre noms se détachent, qui donneront l’occasion d’une visite et d’une dégustation (avec modération) à Figari et dans les hameaux alentour : le domaine de Petra Bianca, pour son exploitation en biodynamie des vignes; le domaine de Tanella, pour son ancienneté qui remonte au XIXe siècle ; Clos Canarelli, pour son choix du bio et de la vinification en amphore d’argile pour une cuvée iconique ; Clos de Sarcone pour l’engagement sans faille de son propriétaire.
Informations sur le site Internet www.bonifacio.fr
Les informations utiles
Bon à savoir
Le réseau des Chemins de fer de la Corse assure quatre liaisons en toutes saisons : Ajaccio-Bastia, Bastia-Corte, Ajaccio-Calvi et Calvi-Bastia. Effectués par des versions modernes des anciennes michelines, climatisées et panoramiques, ces itinéraires sont l’occasion de découvrir les paysages exceptionnels de l’intérieur de l’île.
Y aller
Bastia
Depuis Bordeaux, vol direct avec Air France (tous les samedis), easyJet (dès le 23 juin : mardi, jeudi, samedi) et Volotea (mardi,mercredi, jeudi, samedi et dimanche) jusqu’à Bastia.
Ajaccio
Depuis Bordeaux, vol direct avec Air France (samedi, dimanche), easyJet (dès le 22 juin : lundi, vendredi), Volotea (tous les jours) jusqu’à Ajaccio.
Calvi
Depuis Bordeaux, vol direct avec Air France (tous les samedis) jusqu’à Calvi.
Figari
Depuis Bordeaux, vol direct avec Air France (samedi), EasyJet (dès le 23 juin : mardi, dimanche), Volotea (mardi, jeudi, samedi et dimanche) jusqu’à Figari.
Météo
En Corse, il fait doux toute l’année. Les étés sont chauds et secs (29° en été) et les hivers doux et davantage pluvieux (moyenne de 14°C en journée).