De juin à novembre, l’ancienne île de France est le paradis des amateurs de windsurf et de kitesurf, qui s’offrent de longues échappées sur les lagons couleur émeraude, propulsés par les alizés.
Olivier Bonnefon
«J’aime la mer, c’est d’elle que vient la beauté réelle. Elle satisfait mon désir, car elle m’enseigne la force de la vie. D’où vient sa plénitude ? Elle est au
fond de l’imaginaire, mer des rêves, mer immense comme le ciel, cercle de l’horizon qui vous étreint comme l’angoisse. » Qui d’autre que Jean-Marie Gustave Le Clézio, l’auteur du « Chercheur d’or » (Gallimard 1985) ou d’« Alma » (Gallimard 2017) pouvait décrire la fascination qui se dégage des paysages marins de l’île Maurice, berceau de ses ancêtres ? Calme, lisse et translucide quand elle berce les lagons couleur émeraude ou « libre, sauvage, d’un bleu qui donne le vertige » plus au large, la mer est l’un des puissants
charmes de ce bout de terre à l’accent français posé au nord du tropique du Capricorne.
Une île créole et métissée qui a la particularité d’être bénie par les dieux de quatre des cinq principales religions : l’hindouisme, le bouddhisme, le christianisme et l’islam.
One Eye et Tamarin
Certains n’hésitent pas à franchir des milliers de kilomètres pour s’enivrer, durant l’hiver austral, de longues régates en windsurf ou en kitesurf. De mai à novembre, les alizés soufflent sans discontinuer. À la pointe sud-ouest de l’île, ces vents sont renforcés par l’effet venturi engendré par le Morne Brabant, pain de sucre qui culmine à 556 mètres au-dessus du niveau de la mer et constitue l’un des sommets de l’île avec le mont Pieter Both (823 mètres) et le piton de la Rivière-Noire (828 mètres). Les vagues balayant la barrière de corail peuvent parfois atteindre 5 mètres. L’une d’elles, prénommée One Eye, située sous le vent, se creuse de manière vertigineuse avant de se briser sur le récif. Seuls les riders les plus aguerris s’y frottent. Une autre vague mythique, Tamarin, s’offre parfois l’été aux surfeurs.
En septembre dernier, le Défi Wind a rassemblé quelques-uns des meilleurs riders internationaux de windsurf pour la première édition de l’Arnaud de Rosnay Memorial Cup. Fabrice Le Clézio, cousin du prix Nobel de littérature, a
brillé entre la pointe d’Esny et l’île aux Cerfs. Cette épreuve est ouverte aux amateurs avertis, tout comme le Kiteival (kitesurf). Les fous de plongée subaquatique profiteront des somptueux fonds marins et croiseront, qui sait, des colonies de cachalots. Une telle rencontre se mérite. Mais, à Maurice,
tout semble se conjuguer pour que la magie opère.