Terre de culture et de contrastes, la « Dominicaine », première capitale espagnole du Nouveau Monde, apprend à dévoiler ses charmes
« C’est la plus belle terre que les yeux de l’homme aient jamais contemplée ». Christophe Colomb avait eu cette formule en parlant d’Española, devenue la Hispaniola, première terre de la mer des Caraïbes qu’il découvrit en 1492. Si le voisin Haïti avec qui elle partage l’ile a moins bien su tirer son épingle du jeu, la République dominicaine sait jouer de ses atouts et « rajouter du sucre du cœur », comme ils disent, pour séduire vacanciers et explorateurs.
A chacun sa façon de l’appréhender. On l’aime pour son visage sauvage et authentique qu’elle dévoile du nord de l’île (Baie de Samana) au cœur du pays encore inhospitalier. Pour son riche passé colonial qu’elle entretient dans sa capitale, Saint-Domingue « qui est aux Amériques ce qu’Athènes est à l’Europe ». Les paysages sont changeants que l’on s’aventure dans la mangrove du parc national de Los Haitises, au cœur des rizières des plateaux de la Cordillère centrale ou qu’on profite de sa célèbre côte Sud qui s’étire jusqu’à l’Atlantique avec les plages à couper le souffle de Punta Cana.
Cacao organique
Les plus hautes montagnes des Caraïbes (le point culminant est à 3087 mètres) sont peut-être moins prisées des touristes qui se laissent davantage séduire par le spectacle de la nature à Bayahibe (l’eau translucide y est plus calme qu’à Punta Cana et la frénésie touristique n’a pas encore gagné le village). On ose également moins s’arrêter dans l’un des 220 villages haïtiens, ces « batey », perdus au milieu des champs de cannes à sucre qui à première vue semblent cachés aux touristes pour ne pas les effrayer. Mais la pauvreté de ces travailleurs de l’ombre, qui font la richesse du pays avec la culture du cacao organique, du café et du tabac, n’en reste pas moins représentative de ce qu’est la République dominicaine d’aujourd’hui. Et s’y arrêter donne aussi à apprendre sur la sorcellerie, le vaudou, ou les relations parfois conflictuelles entre les deux pays qui se partagent l’île.
Si la République dominicaine marque enfin les esprits avec cette joie de vivre (on danse même dans les embouteillages…), le Merengue (cette danse justement typique de l’île), la fierté de ses habitants (« on a inspiré le Jurassic Park de Spielberg avec notre musée de l’Ambre à Puerto Plata », « venez voir notre toute nouvelle autoroute », « ce sont les Taïnos, premier peuple de l’ile qui ont donné naissance aux mots hamac, maïs, tabac ou barbecue »…), c’est aussi une façon d’oublier son passé. L’ère Trujillo, du nom du dictateur qui a semé la terreur de 1930 à 1961, tué 19 000 Haïtiens en 1937, etc. a laissé des stigmates. On veut vivre, ici, une vraie République, et rêver à un avenir prometteur. Il y a du caractère dans tout ce qui est dominicain, de la gastronomie à la peinture, en passant par la fête ou l’art de charmer. Difficile, dès, de ne pas succomber.