Le centre ancien de la capitale alsacienne, la Grande-Île autour de la cathédrale, s’affiche depuis 1988 sur la liste des biens qui présentent une valeur universelle exceptionnelle. Le quartier voisin de la Neustadt l’a rejoint cet été au palmarès du Patrimoine mondial.
Par Eve Scholtès
Curieux hasard ou heureuse bienveillance ? La Neustadt est l’un des rares ensembles, bâtis par les Allemands à partir de 1870, qui n’a été détruit ni par les nazis à leur arrivée en 1940, ni par les Alliés qui bombardent Strasbourg dès 1943. Depuis la place de Haguenau jusqu’à la place Arnold, les édifices et les bâtiments voulus par Guillaume II tandis que ses troupes annexent l’Alsace et la Lorraine racontent une histoire aussi singulière que symbolique ; celle d’une ville qui change quatre fois de nationalité entre 1870 et 1945, tantôt allemande tantôt française.
Une histoire franco-allemande
Lorsque le traité de Francfort est signé en 1871, Strasbourg devient la capitale du Reichsland d’Alsace-Lorraine. Le Kaiser veut en faire, à l’ouest de son empire, la vitrine du savoir-faire allemand et le modèle du nouvel État qu’il promeut. Strasbourg connaît un vaste programme d’urbanisation dont Neustadt constitue le cœur. Le quartier et la place impériale – aujourd’hui baptisée place de la République – en deviennent le centre névralgique.
Ils forment, sur un espace de 99 hectares, un concentré de constructions et d’innovations organisé autour de deux axes : les avenues de la Paix et des Vosges, prolongées par l’avenue de la Forêt-Noire.
La perspective, dessinée à une extrémité par le palais du Rhin et à une autre par le palais universitaire, vaut le coup d’œil. Elle ouvre le regard vers les styles néogothique, néo-Renaissance et Art nouveau qu’affichent la gare, l’hôpital civil, l’ancien Parlement devenu Théâtre national de Strasbourg et la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU), qui a bénéficié d’une rénovation moderne.
Jusqu’alors méconnu, la Neustadt permet à Strasbourg de revendiquer son universalisme.