Certaines favelas pacifiées s’ouvrent au tourisme. Sans voyeurisme et avec la volonté de conserver leur âme.
Il est né ici, y a grandi et y a ouvert son affaire. David est un cuisinier émérite et sa réputation a dépassé la ville de Rio. Son petit restaurant se situe à l’entrée principale de « la communauté » Chapéu Mangueira, une favela du sud de la ville et l’une des premières à avoir été pacifiées. C’était en 2009. Depuis, elle s’est ouverte, notamment au tourisme. « Aujourd’hui, ma clientèle est composée à 80% de touristes », se réjouit David qui ne voit que du positif dans cette évolution. Nous montons quelques centaines de mètres plus haut, à travers les ruelles, en croisant des jeunes qui nettoient un scooter, des enfants qui courent derrière un ballon, des femmes chargées de provisions. Nous arrivons au pied d’une maison à deux étages, aux briques peintes, drapeau du Brésil bien visible sur la façade. Le « favela Inn » est une sorte d’auberge de jeunesse, proposant des lits en dortoirs et une chambre pour deux personnes (1).
Sur la terrasse avec vue sur les plages de Copacabana et de Leme, Cristiane, la gérante du lieu, détaille les effets positifs de cette ouverture au tourisme : « Aujourd’hui, on vient ici en confiance. Il n’y a plus d’armes aux coins des rues. Nous recevons des visiteurs du monde entier qui veulent vivre un moment avec les gens de la communauté. Ils apportent des bénéfices financiers mais aussi du savoir et du respect ». Certains, néanmoins, pointent des conséquences négatives. Les prix de l’immobilier ont grimpé de façon spectaculaire et la favela serait en cours de « boboisation ». « Cela n’est pas faux, souligne Cristina, et il faut tout faire pour que le lieu ne perde pas son âme. Mais un retour en arrière serait une très mauvaise chose ».
« Pas un zoo »
Dans d’autres favelas de Rio, l’accès n’est pas aussi évident. Mais possible. Nous sommes dans la communauté de la « Providencia », 15 000 habitants, la plus ancienne de la ville, accrochée à une colline dominant le port de commerce. Ici, la police militaire est omniprésente, armes bien visibles. Silvia Perrone est une sorte de « médiatrice culturelle ». Elle a monté sa structure et organise des visites de la favela. Par petite groupes, à la découverte de la population, de ses richesses. Un tourisme curieux mais pas voyeur, où les appareils photos se font discrets. Arrêt obligatoire à la « Casa amarela », la « maison jaune ». Une école de photo pour les gamins de la communauté y a été créée par deux photographes, JR, un Français et Mauriçio Hora, un Brésilien. Une exposition accueille le visiteur. Des clichés forts, engagés, sensibles. Sur la terrasse, des musiciens colombiens, logés sur place, étendent leur linge. Ils donnent des cours gratuits de percussions. Il y a aussi des cours de graff, de danse, du soutien scolaire et une petite bibliothèque soigneusement aménagée à l’étage. Giselle, l’épouse de Mauriçio, en est très fière : « C’est la présidente de l’Académie des lettres du Brésil qui nous offert les livres ».
Nous redescendons la favela. Les enfants sont partout. Ils sont dehors, s’arrosant avec des jets d’eau au fond d’une cour ou traçant leur chemin sur des tricycles. Ils sont peints sur les murs, aussi, un peu partout. Images chaleureuses et souriantes. « La communauté n’est pas un zoo, résume Silvia, en marchant. Les visiteurs y viennent avec l’envie de découvrir la culture du lieu et d’échanger. Ecouter de la samba, au cœur d’une favela, a quelque chose d’émouvant. Finalement, je m’aperçois que le regard de l’étranger est plus respectueux que celui des Cariocas (ndlr : les habitants de Rio)». Le respect, une valeur qui se défend. La mise en service programmée d’un téléférique pourrait changer la physionomie du lieu. « On ne peut pas la refuser, résume Silvia, mais il y a des risques. Celui d’un tourisme plus nombreux et plus voyeur en est un ».
Les enfants sont partout. Ils sont dehors, s’arrosant avec des jets d’eau au fond d’une cour ou traçant leur chemin sur des tricycles. Ils sont peints sur les murs, aussi, un peu partout. Images chaleureuses et souriantes.
(1) « Favela Inn Hostel » +55 21 9395-0716
(2) « Rio Arte Popular ». Email : rioartepopular@hotmail.com Silvia Perrone travaille avec quelques agences de voyage, dont « Voyageurs du monde ».
Le foot, le foot, le foot…
A cette heure-ci, même les lézards n’osent pas sortir de leurs abris. Une fin de matinée sur la plage de Leme. Il fait chaud, très chaud. Plus de 40 degrés. 60 degrés pour le sable. Rares sont les baigneurs qui bravent la chaleur. Pourtant, au bout de la plage on s’active, on saute, on court, on crie, on transpire. Et on frappe dans un ballon. Nous sommes au centre d’entraînement de foot-volley de Leme. Deux équipes de deux s’affrontent, pieds nus, pendant qu’une 5e personne est chargée d’arroser le sable.
Sur les plages de Rio, le foot fait partie des traditions locales, de la carte postale, de la légende. Quelque soit la température, qu’il pleuve, qu’il vente, on joue, toute la journée, jusqu’à la tombée de la nuit.
Assis à l’ombre d’un palmier, Chico observe le ballet des corps. En expert. Originaire de « Babilonia », une favela perchée à quelques centaines de mètres des serviettes de plage, il est le patron de ce centre. Et fier de l’être. Le foot brésilien coule dans ses veines. « Ici, autant de filles que d’hommes. Et on vient de toutes les classes sociales ». Ou presque.
Quelques heures plus tard, dans le quartier de Flamengo, le long de la baie de Rio. Changement de décor et d’ambiance. Des terrains en synthétique ont remplacé les plages. On joue à huit contre huit, après le boulot, à la lumière de puissants projecteurs. On joue par petits groupes autodéclarés, noirs et blancs mélangés, entre copains de quartier, collègues de travail, parfois jusqu’au bout de la nuit. On appelle cela « le foot des portiers », en hommage à ceux qui débauchent le plus tard, ou encore la « pelade », le foot nu, sans enjeu. On joue au milieu des odeurs de barbecue, sous les regards de la famille, des gamins du quartier, des vendeurs de boissons fraîches. On joue pour le plaisir de jouer, sans vrais championnats. On joue et on parle de la « Seleçao », la sélection nationale, de la prochaine coupe du monde, bien sûr, de cette finale programmée au stade Maracana. De ce sacre tant espéré.
Ici, comme à Leme, comme dans toutes les rues de Rio, le ballon rond continue de rouler et le cœur de millions de Brésiliens de battre à son rythme.
Santa Teresa, un air de bohème
Habillé de vert par une nature généreuse, dominant le centre de Rio avec vue panoramique sur la cathédrale, les tours modernes, les rues animées de Lapa, lové à flanc de colline, le quartier Santa Teresa a tout pour séduire les visiteurs.
Il règne ici ambiance de bohême. A la sauce brésilienne. Et on s’y balade avec gourmandise. Santa Teresa, ce sont d’abord des odeurs, des couleurs chaudes, des petits artisans travaillant le bois, la ferraille, des maisons aux façades joliment décrépies, des points de vue exceptionnels, un étonnant musée, des bars, des artistes, des étudiants, des enfants jouant dans les rues, des « feijoada » de belle tenue et des graff, partout, sur les murs, les poteaux, les palissades. Santa Tersera ce sont aussi des notes de musique s’échappant d’une maison, d’un parc, d’un hangar. Un quartier à part. Paisible. Où il fait bon musarder, s’égarer, discuter et prendre le temps
Voyagiste : Si elle propose également des circuits pour groupes, la spécialité de l’agence « Voyageurs du monde » reste le voyage « sur mesure ». En couple, en famille, en petits groupes d’amis… vous préparez avec elle votre voyage en fonction de vos priorités, vos goûts, votre budget. « Voyageurs du monde » a une activité plutôt orientée vers le culturel, la rencontre avec les populations locales, la création contemporaine… Et le Brésil est une destination où la gamme des possibilités est très riche.
Site internet : www.voyageursdumonde.fr Pour des renseignements sur le Brésil : 01.84.17.21.65.
Y aller : Air France est la seule compagnie à proposer 3 destinations au Brésil, en vol direct, au départ de Paris : Rio de Janeiro (13 vols par semaine), Brasilia (à partir du 31 mars 2014) et Sao Paulo. Pour Rio, comptez environ 11 heures de vol. A partir du 30 mars 2014, Air France lancera des vols de nuit vers Rio, en Boeing 777-300, toujours depuis Paris-Charles de Gaulle. Renseignements : www.airfrance.fr
Guide : Jérôme Franz Chardronnet vit à Rio depuis 40 ans. Un excellent guide féru d’histoire. Adresse mail : jeromefranz@gmail.com