Derrière ses portes closes, la ville ocre recèle des trésors insoupçonnés. Richement ornées, elles s’ouvrent sur d’anciens palais et de luxueux riads devenus hôtels, maisons d’hôte, mais aussi musées ou centres de bien-être.
Pour s’imprégner de la magie de la Perle du sud, rien de tel qu’un séjour dans une maison d’hôte au cœur de la médina de Marrakech. Trip Advisors, la référence des voyageurs, dénombre pas moins de 1050 riads, dissimulés derrière des portes ouvragées, dans l’enchevêtrement des ruelles de la vieille ville. Tous ne méritent pourtant pas cette appellation. Un riad digne de ce nom, doit comprendre quatre jardins à ciel ouvert réunis en leur centre par une fontaine, autour desquels les chambres sont disposées de manière symétrique, le tout composant un carré. Il a ainsi fallu près de 14 ans pour achever, selon ces règles d’architecture, le palais de la Bahia (Belle), aux portes de la Casbah, commandité au XIXe siècle par le Chambellan Si Moussa. Il sera agrandi par son fils pour accueillir ses quatre épouses, ses 24 concubines et leurs nombreux enfants. Ce somptueux édifice, dont une partie est en cours de rénovation, est devenu un haut lieu touristique. Autre authentique riad, le palais Sebban, transformé en hôtel de luxe. Propriété depuis des décennies du Caïd Sebban, il a été racheté en 2000 par René Jean-Pierre, un architecte décorateur français, qui l’a restauré.
Maisons de famille
Une magnificence qui n’est pas à la portée de tous. C’est pourquoi, la plupart des bâtisses de la médina se contente d’un patio à ciel ouvert, autour duquel sont agencées les chambres. Des grosses demeures familiales rachetées au fil des ans par des Européens, pour être transformées en maisons d’hôtes. À l’instar des Français Marie-Aude et Stéphane Vieljeux qui se sont lancés dans l’aventure en mai 2013 avec l’achat du Dar Vedra dans un quartier populaire mais prisé de la médina, à une dizaine de minutes à pied de la fameuse place Djema El Fnaa. Les sept chambres, dont ils ont soigné la décoration, sont spacieuses et agréables. L’atmosphère est chaleureuse, l’équipe aux petits soins. On y prend un petit-déjeuner copieux sur le toit terrasse, avant d’établir son programme de visites. On traverse pour rejoindre les lieux touristiques de la ville un marché alimentaire où s’alignent des étals d’épices et de suaves pâtisseries, aux côtés de charrettes de fruits et de légumes gorgés de soleil.
Lieux de culture
C’est dans la rue du juge (el Cadi) ornée de blanches façades, que Patrick de Maillard, Bordelais d’origine, a ouvert dans les années 2000, une maison d’hôte réputée pour les conseils avisés du maître des lieux. Amateur d’art, il découvre de manière inopinée les tapis Boucharouites réalisés à la main par des grand-mères à partir de textiles déclassés. Il les collecte patiemment jusqu’au jour où il décide de montrer les plus beaux au public. Il transforme alors sa demeure en musée. On peut le visiter depuis avril dernier, flâner à loisir dans ce havre de paix et siroter un jus d’orange frais ou un thé sur le toit. Un grand nombre de ces maisons de famille qui ne pouvaient plus être entretenues par leurs propriétaires marrackchis ont ainsi été transformées en restaurants, ou encore en centres de bien-être. Un moyen aussi de les préserver. Pour les visiteurs, c’est l’occasion de franchir des portes restées closes pendant des siècles.
Un grand nombre de maisons de famille qui ne pouvaient plus être entretenues par leurs propriétaires marrackchis ont été transformées en restaurants ou en centres de bien-être.
Les secrets du tajine et l’art du thé
Les luxueux établissements de Marrakech offrent dorénavant à leurs clients la possibilité de s’initier à la cuisine marocaine, avec des chefs. C’est le cas notamment de la Maison Arabe qui s’est équipée de deux salles de cours, l’une dans la médina et l’autre à la palmeraie, pour dispenser aux gastronomes du monde entier les conseils de sa dada (cuisinière). Une idée de Fabrizio Ruspoli qui a racheté et transformé en 1995 ce riad, dont le restaurant réputé avait été créé dans les années 1930 par deux françaises. Mais il est parfois possible de découvrir l’art de manier les épices aux côtés de la cuisinière qui concocte les tajines de votre maison d’hôte. La plupart de celles-ci offrent en effet à leurs visiteurs la possibilité de déjeuner ou dîner sur place de plats traditionnels. Chez les Vieljeux, Jamila vous apprendra à préparer un tajine de poulet au citron, ou une salade d’aubergine, rendus savoureux par le mélange de gingembre, curcuma, cumin et autres épices variées. Mais, si de vos pérégrinations dans les souks, vous ramenez une authentique théière berbère, alors mieux vaut commencer par apprendre à préparer le thé à la menthe. Jetez dans votre théière une cuillerée de thé vert, que vous aurez préalablement lavé puis rincé dans de l’eau bouillie, un bouquet de menthe verte du marché, une dizaine de morceaux de sucre, et faites frémir sur le gaz. Prenez de la hauteur pour le servir, c’est ce qui le fera mousser, signe d’un thé réussi. Installez-vous dans un sofa pour le déguster avec quelques pâtisseries et vous aurez tout compris de l’art de vivre marocain.
La Maison Arabe : 1, Derb Assehbe Bab Doukkala – Marrakech Medina. Tél : 212 (0) 24 38 70 10 – www.lamaisonarabe.com
Monnaie : Le dirham marocain est une monnaie qui ne se change que sur place (1 euro = ± 11,2 DHM )
Décalage horaire : moins 1 heure (UTC+01:00), passage à l’heure d’hiver le 26 octobre 2014.
Le meilleur moment pour partir : Évitez l’été où le thermomètre peut dépasser les 40 °. Pâques et Noël sont les périodes les plus prisées par les touristes. Les hivers peuvent être froids et pluvieux.
Formalité d’entrée : le passeport en cours de validité est obligatoire.
Y aller : depuis Bordeaux avec Royal Air Maroc, Easyjet ou jetairfly.com
Se déplacer sur place : la médina et les souks peuvent se visiter à pied. Les petits taxis (moins de 4 personnes) permettent de se déplacer pour des distances courtes. Le prix peut varier de 10 à 20 DHM. Les grands taxis vous conduiront en dehors de la ville. Pour plus d’exotisme, choisissez la calèche. Mieux vaut négocier les prix avant.