Berceau de la musique classique, Salzbourg est un joyau baroque posé au milieu d’un havre de sérénité et de romantisme. La ville figure au Patrimoine culturel mondial de l’Unesco depuis 1997 – Sophie Carbonnel
Ses paysages ne sont pas sans rappeler la région des lacs d’Italie du Nord. Salzbourg et ses environs, le Salzburger Land, ne connaissent pas la folie touristique de leur sœur transalpine. Et c’est tant mieux. Car, ici, dans ce petit coin d’Autriche coincé aux frontières de la Bavière allemande, le calme et la volupté sont encore préservés. Il faut d’ailleurs commencer par les alentours et les alpages salzbourgeois, où lacs et montagnes se confondent dans une symphonie harmonieuse, avant de revenir dans la ville de naissance de Mozart.
À 20 kilomètres à l’est de Salzbourg, les amateurs de nature vont en prendre plein les yeux. Le lac de Wolfgangsee est surmonté du sommet de Schafberg à 1 782 mètres d’altitude. Le train à crémaillère de 1893, au départ de Sankt Wolfgang, permet d’atteindre sans effort un point de vue à 360° sur les quatre lacs de la région : Wolfgangsee, Fuschlsee, Attersee et Mondsee. Toutes sortes de plantes sauvages et curatives y poussent naturellement. Un bonheur pour les botanistes. Des kilomètres de chemins aménagés permettent aux cyclistes et aux randonneurs de s’adonner à la découverte. La traversée en bateau des lacs est aussi un joli moyen d’admirer le paysage. On peut voir les petits villages typiques bâtis à fleur d’eau, surmontés de clochers baroques. Là, les premières traces de vie humaine datent de 788. Il en reste de belles curiosités historiques comme e maître-autel de Michael Pacher de 1481, niché au cœur de l’église paroissiale de Sankt Wolfgang. C’est aussi, sur ces bords de lac, un pied-àterre idéal pour déguster les poissons tout juste pêchés et fumés sur place. Truites arcen-ciel, saumonées, carpes, brochets, le tout assaisonné de mayonnaise au raifort maison. Un vrai délice.
Salzbourg, ville captivante
Après cette mise en bouche, place au plat de résistance qu’est la ville de Salzbourg. Avec ses petites ruelles étroites du centre et ses pistes cyclables impeccables, la citadelle peut aisément se visiter à vélo. C’est même recommandé, ne serait-ce que pour s’aventurer vers le château Leopoldskron, où le film « La Mélodie du bonheur » a été tourné. Depuis la place centrale de la cathédrale, on file tout droit vers la forteresse de Hohensalzburg, plus ancien vestige de la ville datant de 1077. Car ce n’est qu’au XVIIe siècle que Salzbourg devient une véritable vitrine baroque, édifiée par une succession de princes-archevêques bâtisseurs et d’architectes… italiens. Ceci explique cela. La cathédrale Saint-Rupert en est le plus bel exemple. Brûlée puis reconstruite en 1614, elle a largement participé à inscrire Salzbourg au Patrimoine culturel mondial de l’Unesco en 1997.
Autour d’elle, le dédale de rues pavées de la vieille ville mérite qu’on s’y perde. Pas besoin d’un plan. Il ne faut pas hésiter à s’engager dans cette suite d’anciennes échoppes en gardant la forteresse de Hohensalzburg comme étoile du Berger. C’est certainement en flânant que le visiteur tombera par hasard sur le cimetière Saint-Pierre, l’un des plus beaux et des plus anciens du monde, qui accueille depuis mille trois cents ans des personnalités artistiques et savantes, mais aussi des membres de la famille de certains compositeurs comme Mozart ou Haydn. Pas loin de là, dans la rue la plus commerçante de la ville, la Getreidegasse, au n° 9, se trouve la maison natale du plus célèbre et précoce compositeur de musique classique, Wolfgang Amadeus Mozart. Ses parents y vécurent de 1747 à 1773. L’intérieur est resté intact.
Cet heureux hasard a fait de Salzbourg la capitale de la musique classique, où, chaque année depuis 1920, le grand festival mêle beauté et harmonie pour le plus grand plaisir des mélomanes.
Hohensalzburg, le plus grand château d’Europe centrale
Hormis ses agrandissements du XVIe siècle, elle n’a pratiquement pas changé depuis sa construction en 1077. La forteresse de Hohensalzburg est juchée sur la colline de Festungsberg à 542 mètres de hauteur. Depuis ses remparts, la vue sur les toits de Salzbourg et sur le panorama salzbourgeois est exceptionnelle. Mais c’est à l’intérieur que la forteresse dévoile ses trésors. Construite en 1077 par l’archevêque Gebhard, elle a évidemment un rôle défensif. De là, on voit parfaitement les contours de la frontière allemande. Mais c’est en 1495 que Hohensalzburg prend sa forme actuelle. L’archevêque Leonhard von Keutschach lance une grande campagne de construction et agrandit largement la forteresse. Elle atteint ainsi les 250 mètres de longueur sur 150 mètres de large, devenant le plus grand château d’Europe centrale. Jamais elle n’a été prise par des troupes étrangères. À l’intérieur, on y trouve les codes standards de construction médiévale. Château, appartements princiers richement décorés, arsenal, douves, chemin de ronde… Plusieurs musées y ont été ouverts, comme le musée de la Forteresse, le musée des Marionnettes et le musée Rainer.
Si on peut évidemment y monter à pied, depuis 1892, un funiculaire permet d’atteindre facilement la forteresse depuis la ruelle Festungsgasse.
Forteresse de Hohensalzburg, ouverte de 9 h 30 à 17 h d’octobre à avril et de 9 h à 19 h de mai à septembre. Tarif comprenant l’aller-retour en funiculaire et l’audioguide : 12,90 €.
https://www.salzburg-burgen.at/en/hohensalzburg-castle/
Le contraste du musée der Moderne sur le Mönchsberg
Cet incroyable vaisseau contemporain qui abrite le musée d’Art moderne a été construit au cœur de la vieille ville. 2 300 mètres carré, 55 000 œuvres, un revêtement extérieur en marbre de la montagne voisine d’Untersberg. Le musée d’Art moderne du Mönchsberg a été imaginé dans l’esprit ambitieux des architectes du bureau de Munich de Friedrich Hoff Zwink. En 2004, ce que les Salzbourgeois appellent désormais « la boîte à chaussures » sortait de terre sur les hauteurs de Salzbourg, sur le mont éponyme. Spécialisé dans les œuvres du XIXe siècle à aujourd’hui, le musée a réussi à rassembler une collection impressionnante de sculptures, peintures, photographies et autres œuvres de graphisme contemporain. Il abrite notamment 31 000 travaux sur papier, 22 000 photographies, 800 peintures, 700 sculptures et 800 installations vidéo et électroniques qui donnent à l’art moderne tout son nom.
Musée d’Art moderne du Mönchsberg, ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h et les mercredis de 10 h à 20 h. Tarif : 8 €.
https://www.museumdermoderne.at/en/