Des pierres de Pals aux dorures de S’Agaró, en passant par Palamós et sa criée, la région des calanques veut dévoiler ses trésors /Thomas Villepreux
Des pierres de Pals aux dorures de S’Agaró, en passant par Palamós et sa criée, la région des calanques veut dévoiler ses trésors /Thomas Villepreux
Le Baix Empordà, comarque de la province de Gérone, offre un visage singulier de la Costa Brava. À la fois proche et loin de la splendide Barcelone, comme de la jeunesse festive de la trop bétonnée Lloret de Mar. Par endroits balafrée par l’immobilier, mais partout ailleurs riche de recoins, de nature préservée, de bons poissons, de vins et de vieilles pierres, cette région de calanques s’est ouverte au tourisme avec un souci récent d’offrir plus que des sites : des expériences, des produits zéro kilomètre, une éthique. Parmi les incontournables, comme la carte postale Calella de Palafrugell, le site archéologique d’Ullastret ou le phare de Sant Sebastià, Pals se pose Baix Empordà La Catalogne autrement Des pierres de Pals aux dorures de S’Agaró, en passant par Palamós et sa criée, la région des calanques veut dévoiler ses trésors Thomas Villepreux au centre du Baix Empordà. Nous nous y sommes promenés. Et nous y avons découvert un panorama sur les champs, la Méditerranée et les villages alentour. À moins de 7 kilomètres de la mer, du haut de la tour principale du château, se dévoilent, à son pied, une majestueuse propriété de pierre et, au loin, ce que les locaux surnomment « le rhinocéros », à savoir les îles Medes, dont les contours imagent un périssodactyle immergé.
Visible de loin, perchée sur sa colline, Pals déploie ses ruelles et ses passages secrets. Son château et son église Sant Pere regorgent de petites
et grandes histoires. De quoi s’imprégner du pays avant de rejoindre, dans un esprit plus léger, la plage de la Fosca ou celle de Castell. Ou, pourquoi pas, d’aller carrément jouer les pachas à la paillote Xiringuito, les pieds dans l’eau ou presque, sur le sable de Sa Conca, à S’Agaró. Puis direction Palamós, qui vit toujours de la mer et ne figure pas au rayon cartes postales, malgré des atours indéniables… À commencer par son port de pêche, dégoulinant de poissons de roche, de crustacés et autres délices. Sa vente à la criée mérite de passer une tête discrète, alors que s’agitent en silence les enchérisseurs inversés. Le spectacle se déroule non loin du musée de la pêche, lequel se coiffe d’un espace de « show cooking » où un chef, ancien pêcheur, cuisine le poisson devant les convives et fait le spectacle. Il dira un mot sur la gamba de Palamós, fierté locale désormais gratifiée d’une appellation. Parfaitement cuisiné en carpaccio par le chef Toni Izquierdo, du Mas dels Arcs (1), ce produit n’est qu’une des nombreuses spécialités de la région. Ici, il faut assister à l’élaboration artisanale de céramiques, goûter aux confitures de Can Juanals (2), s’offrir un tour de gyropode dans l’une des nombreuses rizières aux alentours de Pals et, bien sûr, déguster les vins, en progrès constant. Nous avons notamment testé ceux, sans additifs, des caves de Brugarol, à la Finca Bell-lloc (3). Ici, des plaques d’acier dessinent les galeries d’une cave onirique. Elles se mêlent à la terre et aux pierres, et filtrent la lumière sur le chemin menant aux barriques. Presque invisible, le lieu se fond dans la nature et incarne le soin apporté à ses nectars par le vigneron Josep Trallero, plusieurs fois récompensé. Bell-lloc ajoute à ses vins le couvert. Le potager, la basse-cour, les brebis et les porcs ibériques (alimentés aux glands) se trouvent sur place, autour d’une élégante bâtisse aux six chambres non moins charmantes.
Toujours plus au sud s’étale l’ultra-touristique Platja d’Aro. Laquelle s’étire vers S’Agaró, dont le charme balnéaire aimante les grands de ce monde. L’hôtel de la Gavina (4) en est l’illustration. Il a reçu le fou génial Salvador Dalí, enfant
du pays, mais aussi Robert De Niro, Lady Gaga, Valéry Giscard d’Estaing, Jack Nicholson ou encore Plácido Domingo. Aujourd’hui, la Gavina n’a rien perdu de sa superbe et continue d’attirer les stars. Notamment celles du ballon rond, venues du FC Barcelone voisin. Elles y trouvent la quiétude et le décor, mais aussi des souvenirs « catalano-hollywoodiens » des années 1950 discrètement distillés, puisque c’est ici que furent tournés « Pandora », avec Ava Gardner, « Dossier secret », d’Orson Wells, ou encore « Soudain l´été dernier », avec Elizabeth Taylor. Quitter le Baix Empordà sans avoir emprunté le camino de ronda serait criminel. Ce chemin de douaniers affleure le long des eaux turquoise du littoral, au nord de Palamós et au sud de Sant Antoni de Calonge. Il est un peu escarpé par en
droits, bordé de pins, d’augustes rochers et de replis discrets et offre tantôt ses villas, ses bois, ses cabanes de pêcheurs colorées. Celles-ci sont disséminées par petites poignées au fond des criques, en contrebas. Ce jour-là, un seul de ces refuges pour privilégiés ouvrira ses volets, envoyant sur le chemin en surplomb ses effluves de grillades, sous la surveillance de quatre heureux occupants. La prochaine fois, on s’invite. (1) C-31 (Carretera de Palamós, à Palafrugell), sortida 328, à Palamós. Tél. +34 972 31 51 35. Site : masdelsarcspalamos.com (2) Can Juanals Mermeladas, Les Eroles, Paratge del Remei, à Castell d’Aro. Tél. +34 686 586 416. Site : leseroles.com (3) Camí de Bell-lloc, 63, Palamós. Tél. +34 972 316 203. Site : fincabell-lloc.com (4) Plaça Roserar, s/n, à S’Agaró. Tél. +34 972 32 11 00. Site : lagavina.com/fr
Il en existe sept variétés et il inspire un grand nombre de recettes. Le riz de Pals est devenu incontournable. Une fois cuit, il garde longtemps ses propriétés acquises durant la cuisson. Ici, la tradition veut qu’il soit souvent préparé à la casserole, mais les chefs usent d’une créativité sans limite pour le sublimer. La région a ouvert ses rizières. Celle d’Arròs Molí, à Pals, vaut le détour. Il ne s’agit pas d’un musée, mais le site, articulé autour de ses deux moulins (l’ancien et le moderne), se visite. À pied ou en gyropode.
Arròs Molí, à Pals. Crta. C-31 de Pals, à Torroella, km 343.9. Tél. +34 972 63 67 06. Site : arrosmolidepals.com
Voilà trois hôtels quatre étoiles, tous flanqués d’une belle piscine et fort recommandables. Es Portal est un mas du XVIe siècle rénové et truffé d’éléments gothiques. Il ne se trouve pas dans le cœur de Pals (néanmoins à distance de marche), mais vaut le détour pour son cadre et sa cuisine. Les NM Suites sont quant à elles situées au centre de Platja d’Aro, et se distinguent par leur élégance et leur design… Sans oublier une cuisine renversante. Enfin, voilà l’hôtel Trias. Il offre une vue à couper le souffle sur le port de pêche et les paquebots ; ses terrasses sont très agréables et ses chambres, à la décoration marine, sont très spacieuses.
Es Portal. Crta. de Pals, à Torroella de Montgrí. Tél. +34 972 63 65 96. Site : esportalhotel.com NM Suites. Av. Onze de Setembre, 70, Platja d’Aro. Tél. +34 972 82 57 70. Site : nm-suites.com L’hôtel Trias. Passeig del Mar, à Palamós. Tél. +34 972 60 18 00. Site : hoteltrias.com
Les restaurants sont également de très bonne tenue dans le Baix Empordà. D’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux à militer en faveur des circuits courts. À Pals, citons le restaurant Vicus. À Palamós, ne passez pas à côté du Dvisi. Sans oublier l’espace de « show cooking », Mas dels Arcs, le restaurant des NM Suites (notre préféré), déjà évoqués.
*Vicus. 51, Enginyer Algarra ; Tél. +34 972 63 60 88 ; site : vicusrestaurant.com Dvisi. 5, C de l’Avió. Tél. +34 673557487
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