Première université du Sud à avoir accepté femmes et Afro-Américains, ce campus pour étudiants peu fortunés est un site d’excellence reconnu.
Stéphane C. Jonathan
C’est un modèle… et un contre-exemple : au pied du massif des Appalaches, le Berea College donne sa chance à ceux que le capitalisme américain néglige. Quelque 1600 étudiants issus de famille aux revenus modestes peuplent ce campus déployé sur 56 hectares. Sciences, droit, lettres, arts, technologie… C’est une université d’excellence, dont la réussite est aujourd’hui reconnue à travers tout le continent. Et pourtant : lors de sa création en 1855, le Sud de l’Amérique était la proie de très fortes tensions sociales et raciales. L’esclavage était encore légal dans le Kentucky, les femmes toujours privés du droit de vote, et la voie de l’éducation barrée aux plus pauvres. Il a fallu l’obstination d’un groupe de Chrétiens abolitionnistes pour que soit fondée cette école destinée aux exclus : les plus démunis, hommes ou femmes, blancs ou noirs.
Capitale de l’artisanat
Depuis toujours et aujourd’hui encore, être étudiant à Berea n’est pas gratuit. Tout au long des quatre années de son cursus, chacun doit consacrer jusqu’à 15 heures par semaine de son temps à la collectivité : service des repas au réfectoire, maintenance des ordinateurs, entretien du linge… Récemment classé numéro 1 des universités libérales d’arts aux USA, Berea est aussi une capitale de l’artisanat et des arts traditionnels. Les ateliers de souffleurs de verre, de bijouterie, de tissages se comptent par dizaines ; et la vente des productions des étudiants contribue elle aussi au financement de cette université généreuse et socialement ouverte, pourtant enclavée dans un territoire fortement conservateur.
www.berea.com
https://www.berea.edu/
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