A l’Est, Berlin reste la capitale bohême de l’Europe. Mais l’Ouest commence à se réveiller. C’est l’occasion de faire le mur !
« Fauchée, mais sexy ». Berlin a fait de cette plaisanterie un slogan officiel. De fait, la capitale allemande n’a pas volé le titre de capitale branchée et bohême de l’Europe. Depuis la chute du mur, elle a attiré les amateurs de culture, de nuits inoubliables et de loyers modérés. 25 ans après la Réunification, elle continue de se reconstruire et de se réinventer, à l’est comme à l’ouest. La destination reste donc à découvrir… ou à redécouvrir.
Berlin n’a rien d’une ville-musée. Ou alors d’un musée où tout ce qui s’offre à la vue du visiteur est bien vivant. Vivant, le souvenir des Guerres mondiales et de la Guerre froide. L’architecture Wilhenminienne (époque des empereurs Guillaume I et II) a subsisté aux bombardements massifs de la Seconde guerre mondiale. Elle se mêle aux mornes réalisations de l’ère communiste, dans un cocktail architectural inimitable. Les férus d’histoire contemporaine pourront aller se recueillir devant les restes du mur, ou bien au mémorial de la Shoah Ou pourquoi pas fureter au musée de l’espionnage.
Ce lourd passé, les Berlinois l’assument. Mais chez eux, le passé fait aussi partie du présent quand il s’agit de s’amuser. Des divertissements datant de l’époque impériale sont toujours très appréciés ici : salles de bal, jardins à bière (biergarten, lire par ailleurs). Bien vivantes, ces traditions cohabitent avec ce qui se fait de plus pointu en matière de boîtes de nuit, telle le Berghain,
La « deutche vita »
Depuis la chute du mur, c’est surtout l’ancienne partie est de la ville, le Mitte, qui avait attiré les néo-Berlinois, les touristes et les investissements. Tout était à refaire. Et l’endroit a tout pour plaire : un tissu urbain « aéré ». « Où il y a des arbres, il est tombé des bombes », explique Stefano Gualdi, un guide francophone exerçant à Berlin (ciaoberlin.de). La ville compte 3,5 millions d’habitants sur une surface équivalent à six fois Paris. Le promeneur n’a jamais cette impression d’oppression et de surpopulation que laissent beaucoup de capitales. Ici, les parcs sont des forêts (Tiergarten). Dans l’ancien quartier juif, derrière chaque porte cochère, un patio, un jardin, où le Berlinois aime à flaner. « La deutche vita », plaisante Stefano Gualdi .
C’est aussi à l’est que se trouve l’île aux musées. Et, bien sûr, emblématiques, la porte de brandebourg et l’avenue Unter den Linden. D’abord prisée des amateurs d’art contemporains (la ville compte 450 galeries) dans les années 90, puis du monde de la mode dans les années 2000, cette nouvelle frontière de l’est aujourd’hui l’eldorado des restaurants et des start-ups. Ici, on parle de « bohême numérique »
Depuis quelques années, cependant, l’ancien Berlin-Ouest se réveille. City-West était passé de mode depuis les années 90. En sortant du Mitte, on se rend vite compte que Berlin n’est d’ailleurs pas une cité, mais bien une ville-région, qui compte 12 municipalités, avec chacune son caractère et ses attraits (Charlottenburg, Schöneberg…) Deux exemples de ce retour en grâce de l’Ouest (« Go west », dit le slogan officiel) : la transformation en parc de l’ancien aérodrome de Tempelhof (avec 380 hectares, il est plus grand que Central Parc à New York) ; ou encore l’édification, en 2014 à Charlottenburg, du complexe Bikini, un « hub urbain » mêlant hôtels, restaurants et boutiques branchées. Il est placé entre le vénérable zoo et l’église mémorial du kaiser Guillaume, où s’érigent de nouveaux gratte-ciel. Histoire de bien montrer que cette ville imprégnée d’histoire continue de bâtir le futur.