Il est à l’action, grâce à un programme informatique, dans la composition du plus récent vitrail de la cathédrale. Inaugurée il y a dix ans, le 25 août 2007, l’œuvre de Gerhard Richter illumine l’architecture arachnéenne de l’édifice et la dentelle de sa rosace.
Soulages pour l’abbatiale à Conques (12) ou Matisse pour la chapelle du Rosaire à Vence (06). Les artistes contemporains composent régulièrement des vitraux. En Allemagne, le peintre Gerhard Richter s’adonne à l’exercice alors que la cathédrale de Cologne occupe la première place au palmarès des monuments préférés de nos voisins outre-Rhin. Le défi est de taille, d’autant que le bâtiment est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco pour son exceptionnelle valeur et les chefs-d’œuvre qu’il recèle : aucune autre cathédrale n’est aussi parfaitement conçue, aussi uniformément exécutée et aussi totalement achevée. Lorsque les autorités approchent l’artiste, l’édifice affiche il est vrai une mine un peu pâlotte : ses vitraux, entièrement soufflés par les bombardements alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, sont constitués d’un verre transparent qui ne rend pas hommage à l’architecture gothique d’un ensemble construit entre 1248 et 1880.
De l’ancien pixellisé
Et puis, voilà dix ans, la lumière fut… Elle jaillit même, particulièrement à midi quand les rayons du soleil traversent le transept sud de la cathédrale. Le vitrail, que Gerhard Richter a composé à l’aide d’un programme informatique, brille de quelque 11 500 carreaux de verre colorés de 9,6 cm de côté. L’artiste s’inspire d’une œuvre abstraite qu’il a créée en 1974, « 4 096 Farben » (« 4 096 Couleurs », en français), et qu’il teste grandeur nature pour l’occasion. Le résultat est bluffant, réparti sur une surface de 113 mètres carrés et généré par la combinaison aléatoire de 72 couleurs de base que le logiciel reprend 72 fois. Le peintre garde toutefois la main et le regard sur les symétries et l’organisation chaotique des pixels. Le dialogue entre le maître et sa machine dure quatre années avant de se conclure par la réalisation d’un vitrail contemporain qui trouve naturellement sa place dans un environnement gothique. Gerhard Richter, s’il préserve son style et son ancrage dans le présent, choisit les mêmes couleurs de base que les verriers qui l’ont précédé. L’utilisation de joints en silicone, au détriment de bords en plomb, donne enfin à l’œuvre sa légèreté et sa lumière.
Cathédrale de Cologne, Domkloster 4.
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