C’est le plus nordique des états du sud. Bordé à l’Est par le fleuve Mississippi, le royaume du Bourbon et de la musique bluegrass joue aussi la carte du tourisme vert
D’abord, oublier le cliché. Prononcez autour de vous le nom de Kentucky, et on vous répondra en citant une chaine de fastfood servant un horrible poulet frit. Puis, chercher dans sa mémoire les noms de villes associés à ce petit coin du centre-ouest des Etats-Unis. Une capitale administrative nommée Frankfurt, la métropole millionnaire de Louisville (dont le blason arbore toujours la fleur de Lys) qui toise l’Indiana voisin, et Lexington, capitale mondiale de l’élevage de chevaux sise dans le comté de Lafayette. Et sous le cheval lancé au galop qui orne son logo promotionnel, le Kentucky vante son « esprit débridé » (« Unbridled Spirit »).
On est aussi tenté de traduire « spirit » par « spiritueux ». Bien que le Kentucky soit une terre de paradoxes : des 120 comtés qui le composent, 29 seulement sont « wet » (« mouillés ») et autorisent donc la fabrication et la vente d’alcool. Tous les autres sont « dry » ou « moist » (« secs » ou « humides ») et sont encore soumis à une prohibition plus ou moins stricte mais bien réelle. Pourtant, c’est le « Bourbon State ». Berceau du whisky américain, le Kentucky distille plus de 90 % de la production mondiale de Bourbon !
Terres de whisky
C’est d’ailleurs un atout touristique fortement développé. Un copieux parcours, baptisé « Bourbon Trail », invite à visiter les fascinantes distilleries. Incontournable, celle de Jim Beam, à Clermont, est de très loin la plus grande. En y pénétrant, on est saisi par une forte odeur de pop-corn. Et pour cause : le bourbon, whisky 100% américain, est composé d’un minimum de 51% de maïs. Fondé en 1795, l’entreprise de la famille Beam exporte dans le monde entier et ne craint guère la concurrence des autres producteurs à l’envergure infiniment plus modeste. Certains, comme Corsair Stillhouse, méritent cependant le détour pour la finesse et la subtilité de leur travail.
Ici, l’art du whisky s’exprime partout. Parce que les barriques de bois dans lesquels vieillit le bourbon ne peuvent servir qu’une seule fois, celles-ci sont recyclées de façons parfois insolites. A Bardstown par exemple, des tonneaux usagés sont devenus mobilier urbain. D’autres ont été récupérés par le carrossier, pour la construction de diligences semblables à celles des films de cowboys.
Histoire et parcs naturels
Autre vestige d’un temps ancien, l’Hotel Metropolitan consigne l’histoire de la ségrégation. Ouvert en 1924, il est longtemps resté le seul à accepter des clients Afro-Américains. Louis Amstrong, James Brown, Billie Holiday, Ella Fitzgerald… Tous y ont séjourné lors de leurs passages à Paducah. L’hôtel, fermé depuis 1996, a été sauvé de justesse de la destruction par une association soucieuse de préserver ce patrimoine historique. Les visiteurs y sont reçus par Betty Dobson, comédienne qui y joue chaque jour une reconstitution émaillée de mille anecdotes savoureuses.
Posée en bordure du Mississippi, Paducah vaut aussi pour son impressionnant mur de 15 panneaux peints, destiné à la protéger des crues homériques du plus grand fleuve des USA. Bâties après les grandes inondations de 1937, ces fresques murales racontent l’histoire de la ville, en trompes l’œil kitchs mais saisissants.
Terre natale de George Clooney, Tom Cruise ou Abraham Lincoln, le royaume de la musique bluegrass (lire par ailleurs) est aussi le paradis des campeurs, des pêcheurs et des amoureux de la nature. Plusieurs parcs naturels d’une grande beauté s’étendent aux abords de la chaine des Appalaches, montagnes douces et verdoyantes. Ainsi, le Dale Hollow State Park, par exemple, déploie-t-il des paysages merveilleux. Invitation à profiter d’une aventure douce, dans un gigantesque panorama sauvage. A la (dé)mesure du continent américain.
RELANCE Ici, l’art du whisky s’exprime partout. Parce que les barriques de bois dans lesquels vieillit le bourbon ne peuvent servir qu’une seule fois, celles-ci sont recyclées de façons parfois insolites.