L’antique Massilia a parfaitement réussi sa mue européenne, tout en demeurant le carrefour des civilisations méditerranéennes.
A Marseille, où l’on a parfois une très légère tendance à l’exagération, on aurait bien fait durer l’année 2013 quelques mois de plus… Capitale européenne de la culture, l’an dernier, la cité phocéenne a pleinement profité de ce titre pour rénover, à la fois, son patrimoine et son image. Plus de 10 millions de visiteurs ont découvert ou redécouvert la ville l’an dernier. Un vrai succès.
Il y avait Notre-Dame-de-la-Garde et le vieux port, il y a désormais le MuCEM et la villa Méditerranée. Nouveaux emblèmes de la ville, les deux bâtiments – imaginés par les architectes Rudy Ricciotti et Stefano Boeri – sont situés à la frontière entre le vieux port et le nouveau quartier de la Joliette, comme un trait d’union entre le Marseille historique, pittoresque et industriel, et le nouveau Marseille, moderne et innovant.
La MuCEM, Agora moderne
Le MuCEM (1), pour Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, est un monolithe noir adossé au fort Saint-Jean auquel il est relié par deux passerelles surplombant la darse. Ce gigantesque parallélépipède de 15 000 mètres carrés est recouvert d’une dentelle de béton fibré à travers laquelle le soleil dessine des arabesques sur l’eau du bassin et sur les dalles blanches du port. Il abrite, sur deux niveaux, des collections relatives au patrimoine européen et méditerranéen. Le MuCEM accueille aussi un auditorium, une librairie et un restaurant panoramique dirigé par le chef Gérald Passédat. Mais le musée, qui se prolonge dans le fort, se veut surtout lieu de rencontres et de débats, à l’image de l’antique Agora.
La Villa de toutes les prouesses
Accoudée au MuCEM, la Villa Méditerranée (2) est – elle aussi – dédiée aux échanges culturels et artistiques autour d’expositions, concerts ou projections. Comme posé en équilibre sur le vieux port, l’édifice impressionne par son énorme avancée en porte-à-faux de 2 000 m2 sur laquelle se trouve un vaste plateau d’exposition. Le bâtiment se déploie également sous la mer où la Villa accueille un amphithéâtre.
Figures de proue du Vieux-Port réaménagé, les deux œuvres monumentales illustrent parfaitement ce nouveau Marseille, riche de son passé et de ses traditions, mais résolument moderne. A l’image de ce qu’à réussi Valence en Espagne, la plus ancienne ville de France (fondée en 600 avant J.-C. par des marins grecs venus de Phocée) poursuit sa mutation avec le projet de rénovation urbaine Euroméditerranée ou avec le nouveau Stade Vélodrome, où l’on entend battre le cœur de la ville les soirs de match. D’ailleurs, Marseille est désormais candidate pour être Capitale européenne du Sport, en 2017. L’Europe lui va si bien.