Dans la cité des papes, l’art de vivre commence avant tout par l’inattendu. Laissez-vous surprendre au rythme de la Dolce vita.
Atteindre Rome (1) est facile – tous les chemins y mènent, affirme un vieil adage. Plus compliqué est de choisir quelle ville visiter : celle de l’Antiquité, fondatrice de notre civilisation ? La métropole des papes ? Ou la contemporaine frivole, celle de la dolce vita, de la mode, aussi romanesque qu’aguichante ? Le plus simple, parce qu’aux yeux des Italiens du Nord, Rome est déjà le Midi, le « Mezzogiorno » est sans doute de rôdailler, pour discerner dans le foisonnement urbain de la belle les vestiges imbriqués de ses passés pluriels.
Rome n’est pas une ville « éternelle » comme la coutume des mots le laisse croire. Elle est plutôt une cité qui tend vers l’immortalité en snobant la décrépitude qui l’envahit. Mais elle reste un municipe de notre temps ; la houle des passants, la ferveur vaticane, le pèlerinage à la fontaine de Trévi – les plus fous s’y baignent, les plus sages se contentent de jeter à l’aveuglette une pièce de monnaie en guise de porte-bonheur – y ont remplacé la rumeur imaginée des foules antiques et les déhanchements discrètement bourgeois des belles passantes ont la houle des toges du temps d’Auguste.
La Rome… romaine surgit pourtant inopinée, ici, là, au détour d’une chaussée, à un confluent de boulevards, dans un recoin de placette : un pan de mur, un temple, deux ou trois pavés, ou même des ferments de superstition comme l’immense bouche de vérité sous le porche de Santa Maria in Cosmedin, où le menteur n’y risque pas sa main de peur de la perdre.
Mais, fi des superstitions. Celle que nous aimons est la ville des terrasses au soleil et des cafés courbés d’histoire : s’asseoir au Greco sur des banquettes qui ont logé Goethe, Toscanini ou Stendhal… Pour nous comme pour eux, Rome reste la séductrice, magnifiant et portant tous les défauts de l’Italie – désordre apparent, imprécisions colorées – comme les qualités dont le moindre n’est pas le sourire. Nul n’attend de Rome qu’elle soit ce qu’elle n’est pas. L’ennui y est interdit, et l’art de vivre commence, d’abord, par l’inattendu.
La ronde des quartiers
Devant les choix qui s’offrent au visiteur, la question reste en suspens : pourquoi choisir de s’immerger aujourd’hui dans tel quartier et demain dans tel autre ? Décider de visiter tel haut lieu et ou tel autre ? Prenez le Vatican. Il est le siège d’un pouvoir intemporel en qui se reconnaissent plus d’un milliard d’âmes ; mais, outre l’immensité sublime de Saint-Pierre, la visite du musée suffirait à occuper des semaines pour peu qu’elle soit attentive. Prenez le Trastevere (littéralement : de l’autre côté du Tibre), arrondissement poète, bohème, canaille gourmand tellement neuf chaque matin, à l’éveil lorsqu’il s’ébroue de ses débordements nocturnes. Prenez la piazza Navona, posée sur l’empreinte du cirque de Domitien, mélange savant et involontaire de façades ocres, d’églises au fronton baroque affirmé, un entrelacs de rues étroites et pavées, frôlant des enfilades de boutiques d’antiquités, débouchant sur le marché du Campo dei Fiori ou encore menant aux meilleurs cafés du monde servis à des comptoirs qui ne payent pas de mine par des garçons plus jaloux de leurs secrets que des ingénieurs nucléaires. Sortez, enfin, du cœur aux rues étroites pour prendre l’air des villas, qu’elles soient Borghese, d’Este, Médicis, Farnese, elles ont en commun d’échapper à la pression de la ville, et d’offrir au rêveur des heures de marche dans la fraîcheur inattendue des beaux jours d’Italie.
J.-P.T.
Y aller
Rome est desservi de Bordeaux en vols directs par Air France et Ryanair (www.airfrance.fr, www.ryanair.fr)
(1) Renseignements :
Enit : www.italia.it/fr.
En français par téléphone auprès de Easy Italia, de 10 à 22 heures, sept jours sur sept.
Tel. 00 39 039 039 039