Sans doute est-ce grâce à la présence d’un grand nombre d’églises que la musique de Memphis porte en elle ce supplément d’âme : la Soul Music, croisement du gospel et du blues, est née ici. Elle résonne de nouveau dans un ancien cinéma (le Capitol Theater) sur McLemore Avenue. C’est là, dans ce quartier pauvre et exclusivement peuplé d’Afro-Americains, qu’est né Stax Records. Ce label était la maison d’Otis Redding, Sam & Dave ou Isaac Hayes, une des plus belles aventures musicales de la seconde moitié du XXesiècle.
Concurrente directe de Tamla Motown (le label de Détroit où régnaient Diana Ross, Marvin Gaye et les Jackson Five), elle marquait sa différence en restant étroitement connectée à son histoire sociale. Bien que fondée par un couple de blancs (Jim Stewart et sa sœur Estelle Axton), Stax était un des piliers de la culture noire. Au point d’avoir tout misé (et presque tout perdu) dans l’organisation en 1972 du festival militant Wattstax, souvent qualifié de « Woodstock noir ». Trois ans plus tard, la fermeture du label devait replonger le quartier dans la misère.
Lorsqu’au début de ce siècle a commencé à poindre l’idée de réhabiliter le Capitol Theather menacé de ruines, un projet ambitieux a été mis sur pied, soutenu par les artistes historiques du label. Depuis 2005, se dresse à cet endroit un campus. Il comprend une école de musique très réputée (la Stax Music Academy), un lycée public ouvert aux plus démunis (la Soulville Charter School, aux résultats brillants), et naturellement un musée, porte d’entrée vers une immersion jouissive dans l’âge d’or de la soul music de Memphis.
The Stax Museum, 926 McLemore Ave, Memphis, TN 38106. Ouvert tous les jours
sauf lundi. 10-13 euros. www.staxmuseum.com