Ce petit pays est presque un concentré du continent asiatique. Il a su en conserver tout le charme et le coût de la vie n’est pas très élevé. Dépaysement garanti.
Fabien Pont
D’abord des couleurs. Celles des saris des femmes sri lankaises, cinghalaises ou tamouls, celles des « tuk-tuk », petits véhicules à trois roues, parfois décorés comme des sapins de Noël. Celles enfin et surtout, d’une végétation tellement abondante que l’on a l’impression que les plantes et les arbres de toutes sortes se livrent une furieuse bataille pour être celui ou celle qui grimpera le plus haut, qui aura le plus beau feuillage ou bien les plus grandes fleurs.
Viennent ensuite des images d’une foule toujours en mouvement. Dans les rues des villes où sur le bord des routes. A pied ou dans les innombrables bus qui relient les villes les unes aux autres. Derrière des étals de fortune dressés tout au long des rubans d’asphalte où l’on peut acheter principalement des légumes et des fruits.
Les couleurs et les routes encombrées vous accompagneront tout au long de votre voyage dans cette île que les Portugais avaient appelé Ceilao (puis Ceylan lors de la colonisation anglaise) et que ses habitants ont rebaptisé Sri Lanka en 1972, 24 ans après l’indépendance de l’île.
Bienvenue en Asie. Mais une Asie en miniature, aux paysages changeants, où dans une même journée l’on peut admirer le Boudha géant de Badulla, au centre du pays, à plus de 1500 mètres d’altitude et, en fin d’après midi, surfer ou se baigner sur les grandes plages de Matara ou de Galle bordant l’océan indien.
Ces contrastes sont permanents et il serait dommage de ne voir de cette superbe île que ses contours et les couleurs tantôt bleue émeraude, tantôt saphir, de l’océan. Renoncer à visiter l’intérieur du pays, serait se priver d’un voyage dans un autre monde, de paysages à couper le souffle, de la découverte d’une autre civilisation, d’une autre culture. Le sri Lanka est un concentré de ce qu’un touriste en mal de dépaysement, d’émotions, de découvertes, recherche. Avec en prime, une extrême gentillesse de ses hôtes.
La route des capitales
Une des meilleures manières de s’immerger est sans doute de suivre une sorte de route des différentes capitales désignées par les rois cingalais. On s’affranchira d’une chronologie trop précise pour les atteindre. D’une part, ces anciennes capitales abritent des monuments que l’on peut admirer indépendamment les uns des autres, d’autre part, l’état des routes et leur encombrement ne permet pas de parcourir de grandes distances (compter entre 2 heures et 3 heures pour 100 kilomètres). Mais ces trajets à l’allure d’une tortue laissent ainsi le temps aux visiteurs d’effectuer une sorte d’apprentissage touristique. Même au milieu des forêts aux arbres gigantesques, il y a toujours du monde sur ces axes par où s’écoule la plus grande partie des marchandises du pays. Le chemin qui mène vers ces anciennes cités royales est un spectacle à lui tout seul.
Trois lieux sont incontournables : Anuradhapura, la plus au Nord, Sigirya et Kandy. Toutes inscrites au patrimoine de l’UNESCO, elles témoignent de la richesse d’une civilisation presque trois fois millénaire et racontent, chacune à leur manière, l’histoire mouvementée, souvent violente, de ce pays qui n’a retrouvé son indépendance qu’en 1948.
La première abrite les vestiges d’un des principaux monastères bouddhistes de l’île et les restes d’une forteresse. La deuxième, Sigirya, près de la ville de Dambulla, n’est plus peuplée que de singes macaques et de touristes. Planté au milieu de la jungle, le rocher du lion sur lequel a été bâtie une citadelle, émerge de la jungle comme le château d’un vaisseau que l’on atteint après avoir monté 1200 marches.
Enfin, à plus de 500 mètres d’altitude, la ville de Kandy, refuge des derniers souverains jusqu’en 1815, lorsque les Anglais étendirent leur domination sur l’île entière.
Véritable carrefour religieux, la ville est le lieu de pèlerinage le plus important du pays. Le temple de la dent dans lequel est préservée une relique de la dent de Bouddha attire chaque jour des milliers de fidèles venus de tout le pays et qui donne aux rues de la cité l’allure d’un mouvement perpétuel. Les représentations du bouddhisme sont omniprésentes au Sri LKanka. Au bord des routes, aux carrefours, sur les places, au pied des trois arbres sacrés des petits temples et des statues de Bouddha.
Pour prolonger cette immersion dans ce Sri Lanka profond, rien de tel qu’un voyage en train vers Nuwara Eliya à plus de 2000 mètres d’altitude. La ligne construite à la fin du XIXème siècle a conservé tout son charme et traverse des paysages extraordinaires. Parmi ceux-ci, les plantations de thè, à plus de 1500 mètres de hauteur. Favorisée par un climat exceptionnel, chaud et humide, la culture du thé, implantée par les Anglais, occupe toute cette région. L’empreinte anglaise est ici très visible. La station climatique de Nuwara Eliya, au bout de cette ascension ferroviaire conserve une architecture victorienne tout à fait étonnante. Ensuite il est toujours temps de mettre le cap sur la côte et de profiter d’une eau à 29 degrés…
Se déplacer, un vrai défi
Si vous n’êtes pas en voyage organisé et que vous souhaitez vous déplacer, faites un petit test très simple. Allez dans une fête foraine, montez dans une auto tamponneuse. Si vous êtes capable de la piloter pendant 20 minutes sans être heurté par un autre engin, alors vous pouvez louer une voiture. Et emprunter les routes surchargées de piétons, vélos, tuc-tucs (lire par ailleurs), camions, bus, voitures sans oublier toutes sortes d’animaux ( chiens, vaches, buffles domestiques).
Dans le cas contraire, adressez vous à une agence où vous pourrez réserver une voiture avec chauffeur (compter entre 40 et 50 euros la journée), ou prendre les bus , très nombreux et pas cher ( moins d’un euro le ticket).