par Jean-Michel Desplos
La Corée du Sud possède une richesse naturelle et un patrimoine culturel exceptionnels. À Séoul, palais royaux ancestraux et monde moderne cohabitent parfaitement
Quand on débarque à Séoul au mois de novembre, il y a d’abord les couleurs de l’automne qui sautent aux yeux. Les érables aux feuillages verts virant au rouge, à l’orange et au jaune. Un véritable enchantement…
Puis il y a le relief et ces collines qui surplombent la ville bouillonnante avec ses 10 millions d’habitants. Frappée de plein fouet par la guerre de Corée, Séoul a su renaître de ses cendres pour devenir aujourd’hui la plus internationale des capitales asiatiques. Depuis 600 ans, elle cultive les traditions des anciens rois de la dynastie Joseon tout en s’imposant comme un des leaders mondiaux dans les secteurs de l’ingénierie informatique et de l’automobile.
Le contraste est saisissant entre le véritable cœur de la ville et les abords des cinq palais anciens. Dans un cas, il règne en permanence une agitation frénétique avec des artères embouteillées et un paysage est composé d’immenses tours abritant les bureaux des plus grandes enseignes du pays. Passé et présent respirent ici au même rythme.
Étudiants, cadres et ouvriers se croisent dans la rue et se retrouvent au moment de la pause-déjeuner pour avaler un kimchi jjigae, le plat populaire, avant de reprendre leurs activités. Quand d’autres préfèreront prendre quelques minutes pour flâner sur les berges aménagées de la Cheonggyecheon. Ce qui fut longtemps un boulevard sans charme pour devenir en 2005 l’un des principaux pôles d’attraction de la mégalopole. Lee Myung-bak, alors maire de Séoul, a réussi son pari malgré de nombreuses réactions mitigées. Le cours d’eau jadis recouvert par le béton a repris vie de la plus belle manière.
« C’est un beau succès qui a probablement contribué à propulser le maire à la présidence du pays en 2008 », glisse notre guide Henry Lee, auprès duquel la majorité des touristes francophones se tournent lorsqu’ils souhaitent un séjour sans fausse note. Car les Coréens parlent peu la langue de Shakespeare et il est très difficile de se faire comprendre.
Des marchés colorés
Pas de temps à perdre donc, direction Bukchon Hanok village, quartier où se trouve la vieille ville fortifiée. Ici, les maisons sont restées authentiques avec des habitants qui perpétuent la tradition mais invitent les touristes au respect de l’intimité de chacun. Le lieu, incontournable, est en quelque sorte victime de son succès et indispose les « anciens » qui tiennent à leur tranquillité. Les 16 km de remparts en terre et pierres taillées ont disparu mais il reste encore des vestiges sur les collines où se rendent des milliers de touristes.
Cap maintenant vers les principaux palais anciens dont les plus belles visites ont lieu au clair de lune. Il y a le palais Gyeongbokgung, point de référence, qui fut la résidence et le siège du pouvoir de Tajeo, fondateur de la dynastie Joseon. Plus à l’est, le palais Changdeokgung, symbole de l’illustre vertu, est le mieux préservé des cinq palais et l’un des sites les plus célèbres de la capitale. Ce joyau est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Dans les appartements privés, on y retrouve l’ameublement traditionnel avec des lits bas à lattes et des tables laquées.
Mais on ne quitte pas Séoul sans s’aventurer dans un de ses formidables marchés de quartier où les étals colorés sont ouverts jusqu’au coucher du soleil. On peut y dénicher un peu tout et n’importe quoi. Des bijoux aux herbes médicinales, des porcelaines aux produits cosmétiques, du thé aux légumes jusqu’aux fruits les plus variés en passant par des scolopendres desséchés censés soigner l’arthrite !
« Il ne faut pas hésiter à passer une demi-journée dans un de ces bric-à-brac, suggère Henry Lee. Il y a beaucoup de folklore et on peut aussi faire des affaires. »
La Corée du sud, « crevette parmi les baleines », de par sa position géographique entre les géants que sont le Japon, la Chine et l’ancienne Union soviétique, est le symbole de l’énergie où l’harmonie se conjugue à merveille avec la nature. À Séoul comme dans la campagne, le visiteur à l’impression d’être hors du temps.