Cette série de vallées où abondent les arbres fruitiers et qui abrite des villages aux maisons blanches est marquée par la présence musulmane
Claude Petit
De l’Andalousie, on ne retient souvent que les joyaux que sont Grenade, Séville, Cordoue ou Ronda, ou encore les longues plages de sable si prisées de la Costa del Sol.
Mais cette immense région de plus de 87 000 km2, riches de montagnes, de plaines, de collines et de zones désertiques, offre aux amoureux de la nature et de grands espaces un terrain de jeu incomparable. La diversité des paysages de l’Andalousie n’a d’égale que sa richesse culturelle.
La présence de populations musulmanes – du VIIe siècle jusqu’à la chute de Grenade en 1492 – puis de leurs descendants convertis au christianisme a durablement marqué de son empreinte les Alpujarras.
L’irrigation maîtrisée
Au sud de Grenade, après avoir contourné la Sierra Nevada et ses pics vertigineux – le Mulhacén, plus haut pic de la péninsule Ibérique, culmine à 3 480 mètres d’altitude –, le versant sud du massif dévoile l’un des espaces naturels les plus beaux d’Espagne : les Alpujarras.
Série de vallées descendant perpendiculairement depuis la Sierra Nevada, cette moyenne montagne verdoyante, piquée de villages de maisons blanches imbriquées les unes dans les autres (les tinaos), témoigne là encore de la présence musulmane qui s’y est prolongée bien après la chute de Grenade.
Les paysans morisques (1), pendant toute cette période, ont développé ici un système d’irrigation performant en créant sur des centaines de kilomètres des canaux appelés « acequias », encore visibles, qui alimentaient citernes et cultures.
Aujourd’hui encore, grâce à ces canaux, la région abonde d’arbres fruitiers : orangers, citronniers, pommiers, fguiers, châtaigniers, amandiers, oliviers, noyers et vignes.
La douceur des paysages
La nature du terrain rendant la culture intensive impossible, les paysages ont conservé leur caractère et leur diversité, entre forêts et cultures, à l’antipode de « la mer de plastique » des serres des environs d’Almería.
Randonner à pied, à vélo ou à cheval en glanant quelques fruits en bordure de chemin procure un plaisir incomparable, et les propositions touristiques en symbiose avec cet environnement sont nombreuses.
La douceur du climat en automne et sa fraîcheur en été en font un lieu de villégiature particulièrement convoité des Grenadins, dont les tinaos familiales sont devenues des résidences secondaires et des maisons d’hôtes très prisées.
Flâner, après une journée de randonnée, dans les ruelles de Pampaneira, Bubión ou Capileira permet d’admirer l’architecture de ces constructions souvent séculaires.
(1) Descendants des populations musulmanes converties au christianisme.