Oubliez le grand canyon, plongez plutôt dans le sud de l’Arizona pour une route des vins version américaine.
Terre ocre. Cactus trois fois centenaires. Les montagnes s’étendent au loin, les couchers de soleil viennent embraser les fins de journée. Voilà l’Arizona. Avec plus de 320 jours d’ensoleillement par an, l’Arizona a été rebaptisé « l’état du soleil », et on comprend pourquoi l’équipe de basket de Phoenix, la capitale, s’appelle les Suns, car même en octobre le thermomètre flirte avec les 35°C. Depuis une trentaine d’années, l’Arizona s’est tourné vers la viticulture, qui est en pleine expansion.
Première étape à Willcox, à 3h30 de route de Phoenix. Le train traverse le village de 400 âmes, on entend son sifflement au loin. Les camions gigantesques défilent, la frontière avec le Mexique est toute proche. Ne manquent que les cow-boys et les apaches. Ils y ont laissé leurs traces car ce qui est désormais le bar de dégustation Flying Leap était un saloon. La région de Willcox produit près de 74% du vin fabriqué dans l’état, c’est la plus grande zone viticole d’Arizona. « Aujourd’hui il y a 23 vignobles autour de Willcox et quatre lieux de dégustation dans la ville, explique Alan Baker, le directeur de la chambre de commerce locale. L’année 2014 a été exceptionnelle, on a obtenu un rendement de près de 5 tonnes par hectare. » Les vendanges ont démarré à la mi-août, et certains vignerons n’ont terminé qu’à la fin du mois d’octobre. Cabernet-sauvignon, syrah, grenache et merlot sont les cépages les plus fréquents, mais les Français pourront aussi retrouver quelques plants de riesling, de pinot (gris et noir) et de chardonnay. Dans la boutique de dégustation de Keeling-Schaefer, Rod Keeling ne vend « que du vin fait maison. Les pieds viennent du sud de la France. Certains pensent que ce sont des vins français, mais ils poussent ici », assure-t-il. Sur place, la Aridus Wine company, qui a ouvert en 2012, s’occupe de la vinification pour les vignerons locaux. Son chai est immense, les tonneaux s’amoncellent dans un entrepôt qui sent encore le moult de raisin.
Deuxième étape aux Lawrence Dunham Vineyards (1), à environ une heure de route de Willcox. Au milieu de pas grand-chose, le décor est splendide. Les vignes s’étendent, avec les montagnes en fond pour compléter le panorama. Les fondateurs, Peggy et Curt, sont des amoureux du vin. Avant de se lancer dans la viticulture, ils étaient surtout passionnés et se sont constitué une cave avec plus de 2000 bouteilles achetées durant leurs voyages à travers l’Europe. « A chaque fois que l’on ouvre une bouteille, on se rappelle d’abord d’où elle vient », sourit Peggy. Curt le dit en toute franchise : « Je n’avais jamais fait de vin avant », mais à force de visiter des vignobles, il s’est dit qu’il pourrait faire la même chose. En 2007, la quarantaine passée, ils abandonnent le milieu des affaires pour se lancer. Ils plantent leurs premiers pieds dont ils récoltent les fruits deux ans plus tard. Ces fondus de champagne se sont lancés dans le vin rouge en plantant du « petite syrah », plus connu en France sous le nom de durif, et de syrah, un de ses dérivés. Le goût est troublant, bien plus fort et prégnant que les vins français, avec un arrière-goût poivré. Un nectar qui a du caractère, comme ses propriétaires. Peggy et Curt invitent les visiteurs dans leur cuisine, pour déguster leurs vins avec les plats qu’ils ont élaborés pour l’occasion. Et son cake au chocolat est à tomber.
Dernière étape à Elgin. Kief Joshua Vineyards. Derrière ce nom se cache un jeune vigneron timide. Le trentenaire au regard sombre a passé beaucoup de temps à voyager à travers l’Europe, puis il s’est posé un moment en Australie, où il a obtenu un diplôme en œnologie et viticulture et un master en technologie du vin et marketing. Chez lui « tous les vins sont récoltés à la main », explique-t-il de sa voix grave, en écrasant sa cigarette. Ses vins blancs sont élevés dans des barils en métal, les rouges dans des fûts en bois « français, car ils sont plus doux que les américains ». Dans sa propriété familiale rien ne se perd, des restes des fûts il fait objets et œuvres d’art. Kief veut des vins naturels, travaille sans pesticides, toute une philosophie qui transparait dans ses vins. Viognier, pinot gris ou encore riesling… des vins fins à apprécier dans son domaine où wallaby, chiens et moutons vivent libres, à son image.
(1)lawrencedunhamvineyards.com
(2)kiefjoshuavineyards.com
Bisbee, la rebelle
A 140 kilomètres au sud de Tucson, cette petite ville est pleine de charme. Les maisons et les magasins sont empilés les uns sur les autres et leurs couleurs vives donnent immédiatement un sentiment de gaieté. Le paysage est spectaculaire avec l’ancienne mine de cuivre et les montagnes en fond. La ville s’est constituée vers 1880, lorsque les mineurs s’y sont installés, trouvant or et cuivre. Elle a pris le nom du juge DeWitt Bisbee, qui détenait en partie la mine.
Dans les années 1900, avec plus de 47 saloons et 20 000 habitants, la ville était un point de passage obligé, l’un des endroits les plus prisés pour sa vie nocturne entre El Paso et San Francisco. Au milieu des années 1970, la mine a totalement cessé son activité, et la cité a perdu bon nombre de ses habitants. Mais elle a préservé son aura, attirant des artistes et des libre-penseurs. C’est d’ailleurs une des premières villes d’Arizona à avoir milité pour le mariage homosexuel, dans un état qui reste conservateur.
Dans la rue principale, boutiques d’art, de bijoux, restaurants et bars s’enchaînent. L’ancienne école, le lieu qui servait de prison ou encore le club de gym ont été transformés en chambres d’hôtes pour accueillir les voyageurs. L’accueil est chaleureux et les petit-déjeuners gargantuesques.
Il ne faut pas rater la visite de la mine « The Copper Queen mine », agrémentée des commentaires des descendants de mineurs. On plonge dans un univers sombre et humide. On découvre comment des pans entiers de la montagne tombaient à coups d’explosifs et le danger que cela représentait.
Niveau gastronomie, le Café Roka est un incontournable. Rod Kass, le chef, sert une cuisine américaine moderne et fine, inspirée de la cuisine méditerranéenne, le tout avec des produits de saison. Le lieu était l’ancien magasin de chaussures de la ville, qui a été transformé en bar, puis en restaurant. Il conserve pourtant toute l’âme de la ville.
Un passage s’impose également au Bisbee breakfast club, pour prendre un café en face de l’impressionnante carrière qui donne la sensation d’être en haut d’un canyon aux couleurs chatoyantes.
Y aller : En avion, depuis Paris Charles de Gaulle avec une escale (Philadelphie, Dallas, New York ou Seattle) jusqu’à Phoenix. Comptez au moins 12 heures de vol en tout.
Compagnies : Air France, Delta Airlines, US Airways, American Airlines, etc.
Depuis Bordeaux : En avion jusqu’à Paris Orly, changement d’aéroport pour Charles de Gaulle. En train, depuis la gare Saint-Jean, il y a un arrêt spécial Aéroport Charles de Gaulle TGV.
Aéroport principal : Phoenix sky harbor international airport
Décalage horaire : moins 9 heures en été, moins 8 heures en hiver.
Formalités : Pensez à remplir l’Esta (https://esta.cbp.dhs.gov) , c’est un questionnaire en ligne nécessaire pour votre entrée sur le territoire américain. On peut le remplir jusqu’à 72 heures avant le voyage, mais mieux vaut le faire au plus tôt. Il vous en coûtera 12$, soit une dizaine d’euros. Cela est valable pour un voyage de 90 jours maximum.
Il faut également être muni d’un passeport biométrique en cours de validité.
Quand y aller ? Pour les zones désertiques, mieux vaut y aller en hiver, d’octobre à mars, quand les températures sont plus douces. Pour les hauts plateaux, le mieux est d’avril à septembre.
Monnaie : Pensez à prendre des dollars avant de partir, même si la carte de crédit marche. A titre indicatif : 1$ équivaut à 0,88 euro.