Si vous n’aimez ni la viande bouillie, ni le chou, ni la betterave, ni les épinards, vous pouvez rayer la Pologne de la carte de vos projets de vacances. Ce serait dommage, vous louperiez Cracovie.
Bien au sud de la capitale officielle Varsovie, Krakow est en fait le centre névralgique culturel, historique et universitaire du pays. Et contrairement à sa rivale administrative, son patrimoine historique n’a pas été détruit durant la seconde guerre mondiale. Elle a bien sûr subi d’autres outrages (au cours de son histoire, Cracovie a été envahie par les Tatars, les chevaliers teutoniques, les Suédois, les Russes, les Autrichiens et les nazis) et ses alentours proches sont malheureusement extrêmement fréquentés par tous ceux qui souhaitent mesurer ce que fut l’horreur des camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz et de Birkenau.
Venir à Cracovie n’oblige cependant pas au devoir de mémoire (qui vous prendra une journée si vous décidez de visiter Auschwitz et Burkenau, puis la fabrique d’Oscar Schindler et les vestiges de l’ancien ghetto), car il y a déjà fort à faire avec son château, sa colline de Wawel, sa Grand-Place, sa halle aux draps, son université Jagellon (fréquentée entre autres par Nicolas Copernic et Jean-Paul II, excusez du peu), sa basilique Notre-Dame et son plus grand retable gothique au monde, pure merveille de polyptique sculpté, son ancien quartier juif qui regorge de cafés, restaurants et galeries d’art, où Steven Spielberg a tourné le célèbre film La liste de Schindler, primé de plusieurs oscars… Impossible en effet de quitter Kazimierz sans avoir siroté un Tatanka, cocktail typiquement local fait de Zubrowka, cette vodka polonaise parfumée à l’herbe de bison, allongée de jus de pomme. C’est le quartier préféré des 200 000 étudiants que compte la ville. Vous pourrez aussi les croiser, pensifs ou studieux devant les oeuvres exposées à la galerie de l’art polonais, à l’étage du bâtiment Sulkiennice, la grande halle de commerce érigée au XIIIe siècle au milieu de la Grand-Place. C’est aussi à Cracovie que trône une demoiselle qui n’a rien à envier à notre Joconde… Le musée des Princes Czartoyski abrite en effet un des plus précieux tableaux de la Renaissance: « La Dame l’hermine », peint vers 1490 par Léonard de Vinci.
Les Cracoviens sont très fiers de leur ville. Et leurs guides prolixes sur son histoire. Mais ils le sont tout autant d’avoir rejoint l’Europe en 2004, et les sous-sols de la place du Grand-Marché dans lesquels a été inauguré en 2010 l’itinéraire touristique « Sur les traces de l’identité européenne de Cracovie » en sont la preuve manifeste. La création de cette exposition interactive, financée entre autres par les fonds européens, est le fruit de recherches archéologiques réalisées sans interruption entre 2005 et 2010. Il n’empêche que pour l’instant, la monnaie locale est encore le zloty. Néanmoins, beaucoup de commerces acceptent déjà les euros.
Excepté si vous suivez un régime hyposodé, (et quand bien même! On vous recommandera alors de ne pas lécher les parois), il faut profiter de son séjour à Cracovie pour aller visiter l’ancienne mine de sel de Wieliczka, à une petite quinzaine de kilomètres de Cracovie. Cette mine exploitée depuis le XIIIe siècle et inscrite depuis 1978 au patrimoine de l’Unesco est exclusivement constituée de sel. Un incroyable labyrinthe souterrain fait de grottes, tunnels et salles, emplis de sculptures et bas-reliefs, tous taillés dans le sel au cours de siècles par les mineurs eux-mêmes. La chambre la plus extraordinaire est la chapelle Sainte-Cunégonde. Même les pampilles des lustres sont faites de sel!