Tout au nord de l’Allemagne, Hambourg est désormais à deux heures de Bordeaux et mérite franchement le détour
Par Blandine Philippon
L’amour a le don de compliquer singulièrement les choses, surtout lorsque l’on s’aime à près de 1 500 kilomètres de distance. Six ans que Baptiste faisait tant
bien que mal la navette entre Bordeaux où il travaille, et Hambourg, où vit sa douce.
Depuis le 4 juin dernier, ce jeune quadragénaire le dit sans ambages : sa vie a changé. Baptiste fait partie des premiers voyageurs à avoir inauguré la nouvelle ligne qui relie les deux villes en deux heures de temps et pour la modique somme de 92 euros l’aller-retour. Dans le sillage de ce Français amoureux transi d’une Allemande, c’est tout un aréopage de Germains et de Gaulois qui profitent désormais de cette liaison assurée par la compagnie Easy Jet, puisque l’aéroport de Bordeaux enregistre, depuis le lancement de cette nouvelle ligne au mois de juillet dernier, quelque 4 000 passagers mensuels.
Hambourg a beau être tout au nord de l’Allemagne, à trois heures à peine de
Copenhague en voiture, c’est une ville où le climat est doux (même si en hiver
le soleil ne se fait voir que deux ou trois heures par jour !) et où les autoch-
tones prennent d’assaut les innombrables terrasses au moindre rayon de soleil. On les comprend aisément : siroter un Spritz en regardant le soleil miroiter dans l’Elbe, ou aux abords luxuriants de l’Alster, la rivière qui forme un lac artificiel au cœur de la ville, tient du pur moment de félicité.
Cette immense cité de près de 2 millions d’âmes réussit le rare tour de force d’être la deuxième plus grande ville d’Allemagne après Berlin, et le premier port d’Europe en termes de volume de marchandises échangées, derrière Rotterdam, tout en respirant la douceur de vivre.
Poissons et fruits de mer
Pour découvrir la ville en dehors des sentiers battus, il ne faut pas hésiter à emprunter l’un des petits bateaux de croisière qui vous feront traverser des paysages étonnants à travers les paquebots, les champs de containers en provenance et à destination de tous les pays du globe, les grues des chantiers navals et les plateformes de déchargement. Le décor pourrait être industriel, il s’avère finalement poétique.
Le soir venu, et si vous avez raté le dimanche matin très tôt l’incroyable marché sous la très belle halle aux poissons du Sankt-Pauli Fisch-markt, où se tiennent des concerts endiablés et où la bière coule à flots, offrez-vous un dîner de poisson à la hambourgeoise dans l’un des nombreux restaurants à proximité
des Landungsbrücken. Franchement plus typique de cette ville éminemment portuaire que le hamburger, même si, comme son nom l’indique, le célèbre sandwich est né à Hambourg, lors de l’immigration des Allemands vers l’Amérique au XIXe siècle, auxquels on servait des steaks hachés avec des oignons et de la chapelure.
Ne repartez pas sans avoir traîné vos guêtres dans le centre-ville : ungfernstieg, les arcades, la place du Rathaus, le Grossneumarkt, l’église Saint-Michaelis et les vieilles maisons des Krameramtstuben. Et n’hésitez pas à louer un vélo pour pédaler jusque dans le quartier calme et chic du Blankenesee. Surplombant les plages de l’Elbe, il abrite de magnifiques maisons traditionnelles, jadis de pêcheurs et de capitaines.
Pour les amateurs de luxe, calme et volupté, il faut pousser entre Teufelsbrück et Övelgönne, où s’alignent des maisons bourgeoises de rêve et des jardins tirés à quatre épingles.
Il faut aussi aller déambuler dans le Portugiesenviertel. Vous le trouverez au sud de la Neustadt. Il se concentre principalement autour de la Dietmar-Koel-Straße et de ses rues adjacentes. À l’origine peuplé d’artisans, de manutentionnaires et d’ouvriers portuaires, c’est dans les années 1960 que ce quartier a commencé à accueillir des immigrants portugais (les Gastarbeiter) attirés par les loyers modérés et la proximité du port et de ses emplois.
Aujourd’hui, le nombre d’habitants d’origine portugaise est, paraît-il, en large recul, mais on y trouve encore pléthore de restaurants de la péninsule Ibérique, restaurants, cafés et autres pastelarias. Le Portugiesenviertel est le spot idéal pour y déguster tapas, paella, poissons grillés, fruits de mer ou tout simplement pour y boire un Galao accompagné d’un croissant.
Aux beaux jours, le quartier prend carrément des airs méditerranéens, lorsque tables et bancs s’invitent sur les trottoirs. L’ambiance y est particulièrement joviale et émotionnelle en période de matchs de football et de « public viewings » dans la rue !