La cité de Campanie fait souvent l’effet d’un tourbillon. Entre monuments historiques et rues populaires, c’est la promesse d’un séjour trépidant, théâtral, éruptif.
Florence Moreau
Qu’il arrive à Naples par voie aérienne, routière, maritime ou ferroviaire, le touriste est tout de suite aspiré, emporté, désorienté par un incroyable tourbillon de vie. La ville, qu’il est trop facile de résumer à sa crise des déchets et sa criminalité galopante, est un théâtre à ciel ouvert où les comédiens fougueux et éruptifs font le spectacle, parlent haut et fort en joignant le geste à la parole.
La rue est leur scène. Authentique, sans fard et trépidante. Les églises et palais majestueux comme les bâtiments délabrés leur servent de décors. Hordes de véhicules arrivant en ordre dispersé et faisant fi du code de la route, vespas pétaradantes au pilotage sportif, linge étendu aux fenêtres au-dessus des labyrinthes de vicoli, ces ruelles caractéristiques, artisans s’affairant sur le pas de leur magasin, enfants qui se déplacent en bandes bruyantes, courent après un ballon de foot et sont appelés à la table napolitaine depuis les étages d’où émanent des odeurs de cuisine, petits commerces et petits trafics ayant pignon sur rue, mammas assises sur une chaise devant leur porte pour passer le temps et l’actualité en revue…
Baie bleutée
Pour prendre le pouls, rapide, de Naples il faut repérer et emprunter l’artère qui coule au milieu des quartiers : Spaccanapoli. Signifiant littéralement « qui fend », cet axe coupe la ville en deux et dessert par exemple la piazza Gesu Nuovo ou l’église de santa Chiara. Des funiculaires à la pente impressionnante donnent un peu de hauteur et de répit. Sur la colline du Vomero par exemple, depuis la terrasse du château de San Elmo ou la baroque chartreuse de San Martino, la vue est imprenable sur la ville, la baie bleutée et ses bateaux pour les îles et le Vésuve. Calme, protecteur, impérial.
Gare à sa colère pourtant comme en témoignent les sites sanctuarisés d’Herculanum et Pompéi. Pour changer d’ambiance, on prend donc le premier train de banlieue qui passe en direction de ces vestiges impressionnants. A Pompéi, toujours sous le regard inquisiteur du Vésuve, on voyage dans le temps. De la décoration murale des villas aux amphores retrouvées intactes après l’éruption de 79, des ruelles pavées aux corps figés par la lave, surpris à prier, se recroqueviller ou se protéger. Un site paradoxalement incroyablement vivant. Sans exubérance cette fois.
La ville, qu’il est trop facile de résumer à sa crise des déchets et sa criminalité galopante, est un théâtre à ciel ouvert où les comédiens fougueux et éruptifs font le spectacle