Enclavée entre le Brésil, le Pérou, le Chili, l’Argentine et le Paraguay, la Bolivie, encore peu touristique, laisse s’envoler le voyageur vers une rencontre avec l’inconnue.
Pas un jour, pas une heure, pas une seconde sans vertige. Authentique Bolivie, lointaine et mystérieuse. Le long voyage vaut mille et un détours. La rupture survient dès la descente du Boeing. Il y a le froid, rigoureux de l’aube avant que les premiers rayons de soleil ne viennent tirailler les visages. Et l’altitude, à couper le souffle. Vous avez demandé la capitale la plus haute au monde ? El Alto culmine à 4150 mètres. Certains devront s’y prendre à deux fois pour capter l’oxygène, et ne pas céder au sorochi (mal de l’altitude en aymara). Passée l’acclimatation, la décontraction des agents de la douane rompt avec la rigidité occidentale. Ici, tout est lent. Même l’espagnol se pare d’expressions qui y font grâce. On articule et on ne lésine pas sur les fioritures. « Papa » ou « Mamita » ponctuent les interjections à outrance, pour faire durer. Mais prendre son temps, est-ce le perdre ? La question se ressassera à chaque rendez-vous du périple.
Bijoux d’or
L’aéroport d’El Alto, ce haut plateau des Andes, surplombe une ville qui grouille, à toute heure. Avant toute chose, lever les yeux, vers l’Illimani, cette énorme montagne enneigée de la Cordillère, associée au gardien de la ville. Elle surplombe La Paz. Si le ciel est dégagé, le panorama ouvre l’horizon aux sommets Wayna Potosi, l’Illampu, ou Mururata. En transport privé, en téléphérique ou en bus bondé, l’accès au centre de La Paz fait redescendre les cœurs à 3660 mètres, à travers des maisons construites de bric et de broc. Jamais terminées, juste érigées pour se protéger du froid, sec et rude. Alors, les regards ne cesseront de s’arrêter. Sur les Cholitas en premier lieu. Ces Boliviennes fidèles à la culture indigène, au style vestimentaire de la tradition aymara, et qui ont fait leur nom sur la scène médiatique au travers de leurs étonnants combats de catch, très prisés dans les quartiers populaires à l’Alto. On y mise sur les championnes autant que lors des combats de coqs. Le chapeau melon (sombrero) visé sur les deux nattes, les jupons colorés aux mille volants (pollera), l’aguayo (tissu indien tressé de façon ancestrale), et de multiples bijoux d’or égayent les rues de La Paz, où l’on se perd volontiers dans la vieille ville de tradition bourgeoise et coloniale.
Auberges de fortune
Un détour dans la Sagarnaga, la rue des sorcières, est un passage obligé. Mieux vaut commencer par là, tout comme la vallée de la Lune, à 10 km de La Paz, ces montagnes d’argile sculptées par l’érosion. Ou encore, le stade olympique, agréé le plus haut du monde par la Fifa. Sans oublier la Zona sur, et ses quartiers américanisés. Voilà pour ce qui sera de croiser les touristes une bonne fois pour toutes, avant de commencer le voyage. De s’aventurer dans des villes, dans un pays, où l’on s’armera de patience. Condition pour l’apprécier. Car les distances sont très longues d’où la contrainte de faire des choix.
Ce sera le Salar de Uyuni, d’abord. Il est frappant d’incohérence qu’il ne fasse pas déjà partie des Merveilles du monde. Cette étendue de sérénité, à 3 658 m d’altitude, constitue le plus vaste désert de sel du monde. 230 kilomètres séparent La Paz de la ville d’Oruro, point de départ des 4X4 à la conquête du sel et de ses étendues, ponctuées d’oasis. Quelques nuits passées dans des auberges de fortune, sans eau ni électricité, avec pour seule préoccupation, le froid qui s’impose la nuit, et le jour… profiter, en prendre plein les yeux et l’esprit. En saison sèche pour l’aridité d’un spectacle hors du commun et en saison des pluies, lorsqu’il est completement recouvert d’eau. Il devient alors le plus grand miroir du monde, là où ciel, terre et horizon se confondent. Iréel.
Légendaire Titicaca
À l’opposée de là, Rurrenabaque en Amazonie contrastera par la densité de sa faune et de sa flore (des singes dans les cahutes en bois aux crocodiles à observer sur les berges de l’Amazone). Le contraste est tout aussi prégnant sur la route de la Mort ou des Yungas, en direction de Coroico et de son climat tropical. 70 kilomètres de route de l’impossible, réputée pour être la plus dangereuse au monde pour son étroitesse et sur laquelle 200 à 300 personnes se tuent chaque année, mais que certains s’aventurent toujours à descendre en VTT.
Sensations palpitantes à souhait avant de respirer sur le lac Titicaca, le plus haut lac navigable au monde. Un lieu de légendes avant tout. Celles de l’Atlantide. On raconte que le lac recouvrirait un trésor. C’est sans doute là que se trouve la naissance du mythe inca, qui y situait l’origine du monde. La brillante culture de Tihuanacu y voyait la genèse de l’humanité. La Bolivie, ou l’enivrante plongée dans l’Histoire. La Bolivie ou le dépaysement venu d’un autre temps, resté loin, très loin du monde d’aujourd’hui.
Le 21 juin, au plus près des rituels Aymaras
On nous en a parlé cent fois. Mille fois. « Vous aurez froid. Ce sera magique. » Chiche. Trois heures de route pour 80 km entre La Paz et Tihuanacu. Arrivée le 20 juin. En fin de journée, tout doucement, les petites mains s’affairent, les scènes musicales s’érigent, les triporteurs de nourriture arrivent avec la chaleur des cuissons qui égaient les papilles. Une halte ici ou là pour une brochette à la sauce piquante, un pastel (léger beignet au fromage) ou un Api (boisson de maïs rouge chaude que les incas boient à des occasions particulières) feront tenir le corps jusqu’au petit jour. Avant cela, les cérémonies, danses traditionnelles, dans les rues, jusqu’à 4 heures. Le temps de rejoindre le site de vestiges préincas, tout droit sorti de nos souvenirs du dessin animé « Les Mystérieuses cités d’or ». Place alors aux offrandes au Dieu Soleil, Tata Inti et à la Terre mère Pachamama, avec de la coca, de l’alcool (Singani, liqueur locale), jusqu’à s’installer, couvertures à l’appui, sur le site de la civilisation Tihuanacu, dominé par la Cordillère, là où les personnes réunies pour célébrer le Nouvel an Aymara veillent jusqu’au lever du jour. Ainsi, le 21 juin, jour du solstice d’hiver, le soleil est à son point le plus éloigné de la terre. Cette date marque la fin de la période de récolte et le début d’un nouveau cycle. À l’aube, les premiers rayons du soleil passent dans l’arc de la Porte du Soleil et viennent se réfléchir dans des endroits précis, prévus il y a plus de mille ans, par les architectes de ce site sacré. Les mains levées vers le ciel, une nuée de communiants se tait, capte force et courage. Le recueillement, le silence, la chaîne de la Cordillère en toile de fond. Là même où réside la limite des mots. Une indescriptible parenthèse à vivre.
Y aller : Il n’existe aucune liaison directe depuis la France pour la Bolivie. Le vol le plus pratique et le plus court reste l’option comprenant une escale à Miami depuis Roissy Charles De Gaulle. Autre possibilité fréquemment proposée, mais avec un transit supplémentaire consiste à faire Paris CDG – Madrid, Madrid-Lima, Lima-La Paz. Les vols les moins chers débutent à 1200 euros et peuvent aller jusqu’à 1800 euros. Les compagnies aériennes American Airlines et British Airways se partagent le marché.
Préparer son voyage : La Bolivie reste encore peu touristique et seuls les voyagistes tournés vers les destinations « nature » proposent des voyages, généralement tournés vers le trek, le logement chez l’habitant. Parmi elles, Terra Andina (www.voyage-bolivie.com) ou Nomade aventure (www.nomade-aventure.com) proposent des voyages en groupe ou à la carte pour découvrir les plus beaux sites boliviens.
Heure : La ville de La Paz compte moins 6 heures par rapport à la France. Un décalage d’une heure en plus ou en moins peut survenir selon les autres régions de Bolivie.
Monnaie :La monnaie est le Boliviano. Le taux de change est très simple : 1 euro = 10 bolivianos.
Formalité : Un simple passeport est nécessaire, pas de visa en revanche, mais bien penser à s’acquitter du formulaire Esta (15 dollars) si le vol pour rejoindre la Bolivie passe par les Etats-Unis (https://esta.cbp.dhs.gov/esta/) .
Climat : Le climat en Bolivie est fortement influencé par les différences d’altitude. Il existe essentiellement deux saisons en été et en hiver. La Bolivie se trouve dans l’hémisphère sud, par conséquent, les saisons sont inversées par rapport à l’hémisphère nord. Les mois d’été en Bolivie sont de Novembre à Mars. En été, la climat est plutôt chaud (jusqu’à 25° en altitude, et jusqu’à 35 en zone tropicale). Les mois d’hiver sont d’avril à octobre, et sont généralement plus frais et plus secs. La Bolivie peut être visitée toute l’année.
Santé : L’arrivée à La Paz peut s’accompagner des problèmes de santé liés à l’altitude (La Paz est située entre 3300 et 3800 mètres, l’aéroport d’El Alto à 4100 mètres) : les efforts physiques sont déconseillés les premiers jours (ne pas hésiter à se faire aider pour porter ses valises en arrivant à l’aéroport), une hydratation régulière (eau plate) est recommandée, les boissons alcoolisées et les repas copieux sont à éviter. Compte-tenu de l’altitude, il est important de prévoir de vêtements chauds. Par ailleurs, la vaccination contre la fièvre jaune est recommandée (à pratiquer dans un centre agréé).