Au large du Maroc, ce joyau insulaire bénéficie d’un climat clément et d’une biodiversité encore préservée. Un paradis pour les amoureux de nature, de randonnée et de farniente
– Richard Marquet
On la surnomme « l’île aux fleurs », « la petite Réunion » ou encore « l’île du printemps éternel ». Madère, région autonome du Portugal, est tout ça à la fois. Et bien plus encore ! Splendide émeraude surgissant des flots au large du Maroc, ce petit bijou volcanique de 742 kilomètres carrés offre mille facettes. Sachez-le ! Bien que jouissant d’un climat clément toute l’année (entre 17 et 25 °C), son potentiel balnéaire demeure limité. Si l’archipel a été désigné cinq fois Meilleure Destination touristique insulaire d’Europe par l’organisation World Travel Awards, il le doit avant tout à sa beauté naturelle. Sauvage et capricieuse, généreuse et enchanteresse, l’île est la promesse d’un dépaysement garanti à trois heures de Bordeaux. Un éden qui comblera les amoureux de nature et de randonnées.
200 kilomètres de sentiers
La biodiversité de la faune et de la flore madériennes s’explore avec de bonnes chaussures, le long des « levadas », canaux d’irrigation édifiés à partir du XVIe siècle pour transporter l’eau du Nord, bien arrosé, au Sud, plus aride mais agricole. Aménagés en sentiers balisés, ces fils d’Ariane sillonnent l’île à travers ses paysages variés sur près de 2 000 kilomètres. Au départ du plateau Paul da Serra, on s’enfonce par exemple dans la forêt primaire de lauriers, inscrite au Patrimoine mondial par l’Unesco, d’où « Madeira » (« bois » en portugais) tire son nom. Depuis sa découverte, il y a six cents ans, « l’île au bois dormant » s’est éveillée au tourisme, tout en se préservant des dangers d’un essor massif. En dehors de Funchal, la délicieuse capitale, où vivent la moitié des Madériens (110 000 habitants), l’île est un camaïeu vert à perte de vue ! Fougères arborescentes, forêt odorante d’eucalyptus, vallées luxuriantes. De Ponta do Sol à Santana, des cultures en restanques de bananes, vignes et cannes à sucre hérissent le flanc des montagnes. Sur les pentes rocheuses, au bord des routes, s’épanouit un spectaculaire arc-en-ciel végétal : agapanthes, mimosas, hortensias, vipérines, arbres à muguet, genêts…
Terre de contrastes
Madère, c’est aussi un puzzle de climats qui dessinent une énigmatique terre de contrastes. Les paysages varient d’un versant à l’autre. D’un virage à l’autre. Tantôt tropicaux, tantôt arides, comme à l’extrémité est, où la Ponta de São Lourenço, longue langue de terre décharnée battue par les vents, plonge à pic dans l’Océan. À couper le souffle ! Les autochtones vous le diront. Mieux vaut ne pas être sujet au vertige pour apprécier les nombreux panoramas décoiffants que réserve l’île-montagne. L’incontournable jardin botanique de Monte Palace offre une vue imprenable sur Funchal et sa forme d’amphithéâtre. Si on veut jouer les touristes, on y monte en téléphérique. Et on en redescend en « carrinhos », traîneaux d’osier, poussés par deux « carreiros », à près de 50 km/h. Le spectacle d’immensité depuis le Pico Ruivo, le toit de Madère (1862), est, lui, enivrant. Enfin, mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour s’aventurer sur le skywalk de Cabo Girão, deuxième promontoire le plus haut d’Europe, donnant sur les vertigineuses falaises de la baie de Câmara de Lobos. Sous la paroi de verre, 580 mètres de vide ! Sensations garanties. Même atterrir sur la piste sur pilotis de l’aéroport Cristiano Ronaldo, un des plus venteux au monde, peut parfois provoquer une montée d’adrénaline. Le prix du paradis.
Mieux vaut ne pas être sujet au vertige pour apprécier les panoramas décoiffants que réserve l’île-montagne.