Derrière ses palais en ruines et ses murs sales, la capitale sicilienne offre un visage humain, populaire, et quelques pépites à découvrir.
Il y a dans ces ruelles de Palerme un air d’Italie d’antan. Ce pays mis autrefois en images nostalgiques par les studios Cinecitta, celui dont on n’a pas rénové les façades, transformé le moindre palazzo en hôtel, et la plus petite échoppe en boutique de souvenirs italiens made in china. La capitale sicilienne n’a rien d’une ville touristique, d’un musée à ciel ouvert comme peuvent l’être aujourd’hui Rome, Florence ou Venise. Elle est plutôt à ranger dans la catégorie des chefs d’œuvre en péril, à l’image de ses palais en ruines à tous les coins de rue. Sud oblige, tout comme à Naples, on vit à Palerme où on y passe. On y séjourne rarement longtemps. Peut être à tort, car le bruit et la saleté apparentes de Palerme en font aussi son charme. La cité est le lieu idéal pour un week-end prolongé et dépaysant, ou le point de départ vers la découverte des beautés antiques de la Sicile.
Bonheur culinaire
Il y a finalement dans Palerme une vérité crue, celle d’un peuple pauvre mais fier que l’on ne cache pas derrière le rideau. Il fait plus qu’y vivre, il lui donne vie. La ville a une âme, un vrai cœur, et un goût inimitable. Difficile de trouver capitale plus gourmande. La Sicile est un bonheur culinaire. Il prend corps dans ses marchés qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte. On n’y vend pas du terroir en flacon et de l’artisanat de pacotille. Le Sicilien s’y nourrit vraiment, à des prix assez bas. On baigne dans un bain d’odeurs et de couleurs à il Capo près du théâtre Massimo, ou dans celui de la Vucciria. Ce sont des étals de beaux fruits et légumes, de superbes thons à des tarifs abordables, des supions, des sardines, ou des rougets, et des épices de toutes sortes. On s’y habille aussi à moindre frais et l’on y achète de petits objets de la vie quotidienne pour quelques euros.
Si vous laissez entendre à l’un de ces marchands que son produit n’est pas très engageant, il peut vous foudroyer d’un regard noir. De quoi imaginer que l’on va vous régler votre compte au coin de la rue. Cette humeur ombrageuse n’est pas seulement un folklore sur l’île du célèbre village de Corleone. Elle est une part de cette vérité sicilienne, liée à la violence de son histoire, de ses règlements de compte et de l’omniprésence de la mafia qui pèse sur les esprits et gangrène l’économie locale. En chemin entre l’aéroport et Palerme, les chauffeurs de taxi ne manqueront pas de vous montrer l’endroit sur la route où le juge Giovanni Falcone a été exécuté. Dans la superbe cathédrale de la capitale, le portrait du Père Giuseppe «Pino» Puglisi, assassiné par la mafia en 1993, est partout.
Désordre artistique
Dans d’anciens hangars proches du centre ville, réhabilités par la mairie pour les artistes de la ville, vous pouvez manger une glace dans l’échoppe d’un des entrepreneurs qui a refusé de payer l’impôt, le « pizzo », et ne se déplace jamais sans ses gardes du corps. Il règne dans ses hangars un joyeux désordre artistique. Le soir, près du port, les ruelles ont un air de Barcelone avec tous ces bars animés et cette jeunesse qui profite de la vie. Il n’y a pas de plage au centre, mais le plaisir y est ailleurs. A la découverte des merveilles que comptent la ville, et qui se visitent très facilement le temps d’un long week-end. Par exemple le théâtre Massimo où a été tournée une scène célèbre du Parrain 3, ou la magnificence de la piazza Pretoria. Mais plus encore le palais des Normands, un édifice qui fut tour à tour forteresse punique, fort romain, château des émirs arabes puis la résidence des rois français normands au XIIe siècle. Un condensé de cette terre métissée, dont le peuple est le fruit d’une succession d’immigrations. La chapelle Palatine, adossée au palais des Normands, est la meilleure façon de quitter Palerme, avec en tête le souvenir de cette merveille de mosaïques qui vaut largement la Sixtine à Rome.
A la découverte des merveilles que comptent la ville, et qui se visitent très facilement le temps d’un long week-end, il y a par exemple le théâtre Massimo où a été tournée une scène célèbre du Parrain 3.