La ville capitale de Rhône-Alpes a su s’appuyer sur ses traditions et lieux historiques pour demeurer une cité moderne et attirante
Antoine Tinel
L’Intercontinental, symbole du renouveau
Pendant huit cents ans, ce fut un hôpital. Aujourd’hui, les séjours au Grand-Hôtel-Dieu n’ont plus grand-chose à voir, même si on y prend encore soin du corps et de l’âme. C’est ici qu’Intercontinental, notamment, a choisi de s’implanter à Lyon. L’hôtel est, avec la Cité internationale de la gastronomie (lire ci-dessous), l’un des vaisseaux amiraux du renouveau de ce lieu emblématique de la ville. Songez qu’un Lyonnais sur trois y est né ! La façade, signée Jacques-Germain Soufflot, s’étend sur 360 mètres le long du Rhône face au soleil levant et protège quelque 13 237 m2 en plein coeur de ce bâtiment classé. L’hôtel a ouvert en juin 2019, après cinq ans de travaux. Il s’agissait alors de la plus grande opération de rénovation privée d’un site classé en France. 144 chambres et suites sont réparties sur trois étages. On y trouve aussi Epona, son restaurant. L’Intercontinental possède par ailleurs un atout de taille : son bar. Celui-ci se situe en effet sous un dôme de 32 mètres avec clé de voûte. Achevé en 1761, ce grand dôme est l’élément architectural majeur de Soufflot, architecte majeur du XVIIIe. Pendant très longtemps, ce dôme est resté à l’abri des regards. L’architecte Jean-Philippe Nuel a souhaité conserver l’identité du lieu lors de sa rénovation, même si cette ancienne chapelle a été désacralisée. Elle n’en reste pas moins le coeur de l’hôtel et son centre névralgique. La décoration, comme partout dans l’établissement, ne cesse de faire référence au patrimoine lyonnais, notamment au travail de la soie.
Intercontinental Lyon-Hôtel-Dieu,
20, quai Jules-Courmont, 69002 Lyon.
Tél. 04 26 99 23 23.
La cité de la gastronomie
La Cité internationale de la gastronomie a ouvert en octobre dernier. Premier des quatre établissements, identiques, créés après l’inscription du repas gastronomique des Français au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La Cité lyonnaise est à la fois un lieu culturel, un musée, un conservatoire vivant, et abrite une salle de dégustation et des cuisines. Un lieu pluriel avec une double mission : promouvoir l’identité et l’excellence de la cuisine française et développer un projet culturel et touristique autour de la gastronomie. « La vocation première de la Cité n’est pas d’enseigner mais de transmettre, que ce soit par la gourmandise, par les produits, leurs valeurs nutritionnelles ou les savoir-faire », explique Régis Marcon, chef trois étoiles et président du comité d’orientation stratégique de la Cité. Les enfants ne sont pas oubliés et bénéficient d’un espace qui leur est entièrement dédié. La Cité renoue ainsi avec la destination première des lieux où, depuis Rabelais, qui y exerça de 1532 à 1535 en tant que médecin, on a toujours mis en lumière le lien entre santé et alimentation. À noter que jusqu’au 31 mai la Cité accueille une exposition temporaire consacrée au peintre italien Giuseppe Arcimboldo, célèbre pour avoir donné, dans ses toiles, un visage humain aux natures mortes et aux aliments.
Cité internationale de la gastronomie au grand cloître
du Grand-Hôtel-Dieu. Entrée par la place de l’Hôpital,
69 002 Lyon. https://citegastronomielyon.fr/.
La visite des murs peints
Lyon est sans conteste la capitale française, voire mondiale, des murs peints. La célèbre fresque des Canuts est ainsi la plus grande d’Europe. Elle représente le quartier de la Croix-Rousse sur une façade aveugle de 1 200 m2. Sa première version, réalisée par la Cité de la création, date de 1987. Depuis, la fresque est régulièrement actualisée pour que les personnages du quartier, qui y sont représentés, évoluent avec leur temps. On peut y voir les éléments typiques de la ville, comme ses immeubles à hauts plafonds qui accueillaient les métiers à tisser. Partir à la découverte de ces murs peints est l’occasion de « trabouler » à travers la ville. Cela consiste à emprunter les traboules, ces passages étroits, souvent couverts, qui relient deux rues en traversant des pâtés de maisons ou des immeubles. Autre mur fameux, celui des Lyonnais. Là, les grandes figures de la capitale des Gaules vaquent aux occupations qui les ont rendus célèbres : Antoine de Saint-Exupéry, Paul Bocuse, Tony Garnier, l’abbé Pierre ou Bernard Lacombe y figurent. Le quartier de Gerland recèle lui aussi de nombreux murs parfois surprenants, comme la fresque Lumière qui représente le futur de la ville. Pour ceux qui veulent découvrir ces oeuvres monumentales sans trop marcher, il est conseillé de se rendre au quartier des États-Unis pour une promenade sous l’égide de Tony Garnier.
Renseignements sur www.lyon-france.com
La gastronomie lyonnaise
C’est en 1935 que le critique culinaire Curnonsky, surnommé le « prince des gastronomes », a décerné à Lyon, de façon tout à fait subjective, le titre de capitale gastronomique mondiale. Rien que ça ! Force est toutefois de constater qu’on ne plaisante pas du tout avec la gastronomie entre Saône et Rhône. Depuis le XIXe siècle, on vient à Lyon pour manger. Notamment chez les « mères », cuisinières remarquables qui ont inspiré et formé des générations de surdoués des fourneaux. La véritable cuisine lyonnaise se déguste dans les bouchons. On doit ces lieux aux Canuts, les ouvriers de la soie. On y mange, depuis leur création, des plats simples, notamment à base de charcuteries, arrosés de vins locaux. Initialement situés à la Croix-Rousse, on trouve désormais des bouchons partout en ville. Au menu, la quenelle est omniprésente (prononcez k’nelle), revisitée par de nombreux chefs avec beaucoup d’imagination ; le saucisson à cuire ou encore le « tablier de sapeur » sont également régulièrement sur les cartes. Aujourd’hui, la cuisine lyonnaise est sans doute l’une des plus inventives. Les jeunes chefs talentueux qui s’y consacrent sont légion. Les tables des « mères » vivent ainsi avec leur temps en assumant leur héritage. La Mère Brazier affiche fièrement deux macarons au Michelin et ils sont une vingtaine à avoir une ou plusieurs étoiles dans l’édition 2020.
Les informations utiles
Y aller
Depuis Bordeaux, vol direct avec les compagnies Air France (tous les jours) et EasyJet (tous les jours)
Se déplacer
La Lyon City Card permet de combiner transports en commun et visites de lieux touristiques et culturels, notamment de 23 musées. Elle est disponible en pass 1, 2, 3 ou 4 jours.
Bon à savoir
Inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998, les quatre quartiers historiques de Lyon que sont Fourvière, La Croix Rousse, la Presqu’Ile, et le Voeux Lyon couvrent 500 hectares.